mercredi 10 septembre 2014

Sur un colloque de CIVITAS à l'IRIS

A l'occasion de l'interdiction des spectacles de Dieudonné, Pascal Boniface , directeur de l'IRIS, un des plus prestigieux think thank français sur les questions internationales expliquait aux lecteurs du Nouvel Obs que les méthodes de luttes utilisées contre le politicien fasciste et son public de néo-nazis n'étaient pas les bonnes. Par exemple, selon lui, il convient de ne pas appeler néo-nazis , les néo-nazis qui vont rire au spectacle de Juifs menacés de la chambre à gaz par un néo-nazi. Ca braque ce public « jeune et divers » selon ses termes. Grand défenseur de la liberté d'expression, Pascal Boniface ne voyait aucune raison d'interdire un meeting de Dieudonné.

On peut donc voir une certaine logique poussée à son terme dans l'accueil par l'IRIS d'un  "colloque"  organisé par des fascistes et des intégristes.

Le 20 septembre, parmi les grands raouts de rentrée de l'extrême-droite, une réunion se distingue par la notoriété de ses intervenants : Emmanuel Ratier, ancien de National Hebdo et de Minute, actuel tenancier d'une des lettres d' « info » les plus prestigieuses chez tous les fascistes , « Faits et Documents ». L'homme, pourfendeur inlassable du « lobby juif » est également animateur sur Radio Courtoisie, et a fait partie de ceux qui ont inspiré Thierry Meyssan pour l'Effroyable Imposture et sa théorie du « complot du 11 septembre ». A ses côtés , Pierre Hillard, autre essayiste d'extrême-droite conspirationniste , spécialiste de la dénonciation des « élites mondialistes apatrides «  et éditorialiste sur le site du maire FN Roberd Ménard. .

La réunion en elle-même aura pour sujet «  La tradition catholique, remède au Nouvel OrdreMondial ». Elle est en effet organisée par CIVITAS, le groupe intégriste , qui dénonce à longueur de manifestation l' « homofolie », et qui harcèle pêle-mêle les femmes souhaitant avorter, les professeurs de l'école publique avec ses amis des JRE , où les théâtres et chaînes de télé osant programmer des œuvres qui leur déplaisent. Sur l'immigration et l'islam, CIVITAS dénonce un autre horrible complot, celui du Grand Remplacement, on en trouvera un résumé ici, avec le titre évocateur « sur la démographie et l'immigration en France »

Ce « colloque » se tient dans l'espace de conférences de l'IRIS, au 2,bis rue Mercoeur, dont les salles sont louées au minimum 3000 euros la journée. L'IRIS est une association d'utilité publique dont 35% des fonds provenaient de financements publics en 2011 selon son directeur adjoint Jean Pierre Maulny. Interrogé par Rue 89, il précisait la somme exacte : plus de 311 000 euros versés en grande partie par le Ministère des Affaires Etrangères et celui de la Défense

C'est donc dans le centre d'une association financée par l'argent public qu'Alain Escada braillera ses malédictions contre les homosexuels et les franc-maçons qui permettent à l'islam d'asseoir sa domination en France, notamment en propulsant une sorcière d'origine marocaine au gouvernement. C'est là que Ratier et Hillard pourront développer leurs théories sur le complot sionisto-apatride. 

Il n'est pas difficile de connaître les éventuelles justifications qui seront apportées à cet accueil: la location d'une salle n'est pas une "caution" aux discours qui y sont tenus, la preuve, ces salles sont louées à des intervenants très divers, et ainsi de suite (1). C'est ainsi que va la banalisation de la haine et de ses porteurs: on les invite dans les médias exactement comme "n'importe qui d'autre" et cela n'engage pas la responsabilité de l'animateur. On leur fournit des salles de conférences comme à "n'importe qui d'autre", et cela n'engage pas les responsables des lieux où se tiennent les conférences, fussent-ils eux même des acteurs du jeu politique et non de simples particuliers.

Après tout, ce n'est que la traduction concrète de la liberté d'expression que Pascal Boniface défend pour les nazis qu'il ne faut pas fâcher en les appelant nazis. Et peu importe si ce samedi 20 septembre, CIVITAS et ses amis « jeunes et divers », eux, ne se préoccuperont guère de fâcher les cibles de leur antisémitisme, de leur racisme et de leur homophobie, en appelant à la haine. Tant qu'ils peuvent se payer la salle à 3000 euros la journée, ils sont libres, comme "n'importe qui d'autre".

(1) L'IRIS n'est pas la seule institution bénéficiant de fonds publics qui accueille des fascistes notoires pour de prétendus "colloques": au mois de mai 2014, c'est la Maison de  la Chimie qui accueillait un hommage à Dominique Venner où étaient présents même des membres de Casapound.


jeudi 20 février 2014

Antisionisme: halte à la récupération de l'extrême-droite

Tract trouvé au bar autogéré "La Libre Parole à prix libre". 

:
EXTREME-DROITE : HALTE A LA RECUPERATION !

Ce 9 février, nous, antifascistes radicaux, avons repris la rue et les slogans qui vont avec aux imposteurs dieudonnistes.

Par milliers, nous avons crié notre haine des sionistes . Le tout dans une atmosphère fraternelle, avec une banderole DIY , et sans exiger quarante euros des participants, comme le font ces fascistes qui dénoncent les banques, mais se comportent pourtant comme de petits Goldman et Sachs au quotidien.

Il est temps d'en finir avec les faussaires qui se font du fric sur nos idées.

La plupart des ouvrages vendus par la maison d'édition de Soral étaient publiés dès la fin des années 70 par la Vieille Taupe , et Pierre Guillaume, anti-impérialiste historique a aidé Faurisson à médiatiser ses thèses subversives sans exiger un seul centime, et ce à une époque où elles n'étaient pas à la mode. Sans Noam Chomsky, et sa préface à une brochure sur l'acharnement judiciaire contre le révisionnisme, ce même Faurisson aurait-il eu les honneurs des médias oligarchistes ?

Quand il faut payer pour la moindre séance de dédicaces à la Main d'Or, notre librairie Résistances propose gratuitement, des évènements par dizaines, où se croisent des camarades révisionnistes comme Gilad Atzmon, des penseurs radicaux comme Pierre Tevanian, et tous les activistes qui se respectent, comme Xavier Renou . D'ailleurs, en 2009, c'est bien devant cette librairie que s'organisait la résistance transversale contre le sionisme, lors d'une manifestation qui regroupait aussi bien le NPA que l'avocat de Faurisson, et où était lancée une pétition pour la dissolution des milices non-goy initiée par Paul Eric Blanrue, auteur de l'ouvrage de référence antisioniste « Sarkozy , Israël et les Juifs ».

Dieudonné nous crache dessus, mais que serait-il sans nous ? Qui, sinon des camarades d'extrême-gauche l'ont défendu au début des années 2000 , lorsqu'il commençait à briser le silence sur le rôle des sionistes dans l'esclavage, et plus globalement dans le malheur du monde ? Qui l'a invité sur la liste Europalestine ? Et les Bricmont, les Etienne Chouard, les Michel Collon qui aujourd'hui renient les antifa, oublient-ils les innombrables débats organisés dans des lieux alternatifs où ils ont pu faire connaître leurs idées ?

Bien sûr, beaucoup de jeunes militants sincères ignorent tout cela. Et ce d'autant que le système fait tout pour perpétuer l'imposture. Après les tartufferies vallsiennes de ces derniers temps, et la pub faite volontairement et gratuitement à Dieudonné par le ministre de l'intérieur bien connu pour son sionisme , on peut d'ailleurs se poser la question : pour qui roulent vraiment Dieudonné et les siens ?

Le cortège fasciste qui criait «  Juif , la France n'est pas à toi » a été promotionné sur tous les merdias, alors que le nôtre , qui dénonçait concrètement les oligarques sionistes aux manettes en France , par de vigoureux «  A Paris, comme à Gaza, antifa ! » ( souvent plagié par le GUD, qui remplace antifa par intifada , beaucoup moins précis ) a été totalement censuré par la télé aux ordres. Et pour cause, nous, nous ne sommes pas antisémites, nous ne tombons pas dans le piège tendu par le système : jamais nous ne crierons contre les Juifs dans leur ensemble, dans la mesure où il y a en une bonne vingtaine en France, et au moins quelques centaines dans le monde, qui ont des positions politiques sympa. Et n'y en aurait-il qu'un seul, d'ailleurs que nous continuerions à le défendre contre les nazis, mais ce n'est pas le cas, puisqu'ils sont au moins deux à l'UJFP.

Et ce sont bien ces positions intransigeantes et sans concessions, qui font de nous, la cible de toutes les attaques : Soral et Dieudonné ne sont pas les seuls à nous détester, les millions de miliciens armés de la Ligue de Défense Juive sont aussi à nos trousses, nous avons d'ailleurs encore été victimes d'un tweet de leur part la semaine dernière, une énième inqualifiable agression que bien sûr la justice ne punira pas. Quoi qu'en disent Soral et les siens, les Salauds Sionistes savent reconnaître leurs vrais ennemis : ils ont bien noté que Gregory Pasqueille, l'auteur de la page « Déporter un sioniste », n'a pas fait son éducation dans les rangs fascistes mais chez nous !

Le 9 février à donc été une réussite. Nous la prolongerons le mois prochain par un hommage collectif à Georges Sorel, qui sera l'occasion de rétablir certaines vérités quant à la paternité du concept de l' « anti-système », et qui se conclura par l'inauguration officielle du Cercle Chomsky-Rassinier.

NI DROITE, NI GAUCHE ET ENCORE MOINS SIONISTES. !

ANTIFA TANT QU’ISRAËL VIVRA !

Collectif La HARDE ( Héros Antisionistes, Radicaux, Dissidents et Engagés)


Addendum : pour les mal-comprenants éventuels, la parodie ci-dessus, à peine outrée au regard de ce qu'on peut lire et entendre dans une certaine gauche radicale actuellement, nous a paru la manière la plus simple de signifier notre antagonisme définitif avec ce qui se donne le nom d'"antisionisme de gauche". Cet antagonisme existe pour les mêmes raisons que celui qui nous oppose à certains soit-disant défenseurs de la "laïcité", auxquels nous avons consacré quelques textes. Victimes du racisme ET de l'antisémitisme, nous luttons contre la haine, quel que soit le nom qu'elle se donne.

mardi 4 février 2014

Dans un lycée de prestige, un antisémitisme d'une certaine classe

Mise à jour : après de nombreux messages d'insultes, les auteurs des articles dont il est question ci-dessous, ardents défenseurs de la liberté d'expression des antisémites se sont attaqués à la nôtre en demandant à notre hébergeur de supprimer la reproduction de leur prose, qu'ils avaient pourtant eux-même mise en ligne au départ de l'affaire. N'ayant pas les ressources juridiques et les moyens matériels des parents de nos jeunes élites , nous nous contenterons donc de signaler à nos lecteurs que le "journal qu'ils ne veulent pas que tu lises" se trouve ailleurs sur le net 


 Le public de Dieudonné, ce sont surtout les jeunes de banlieue, issus de l'immigration. Poncif éculé dont beaucoup veulent voir la preuve dans les exemples de « quenelliers » mis en avant par les médias ces derniers temps.

Le site Rue 89 et d'autres ont ainsi beaucoup parlé d'un jeune animateur de Seine et Marne, dont la municipalité qui l’employait a demandé et obtenu la démission après qu'il ait posté des photos de lui et des mômes dont il avait la responsabilité reproduisant à son instigation le geste de ralliement au politicien fasciste.

Mais cette apparence médiatique correspond à une réalité éludée : celle des protections sociales dont bénéficie une autre partie de la jeunesse quand il s'agit de réprimer l'antisémitisme, exactement comme c'est le cas pour d'autres comportements.

Il y a ainsi des établissements scolaires prestigieux, dans lesquels le milieu social dont on est issu, comme le brillant avenir auquel on est promis, permettent de laisser libre cours à son antisémitisme, comme d'ailleurs à son homophobie et à son racisme.

Le journal, dont les articles sur l' « affaire Dieudonné » sont reproduits ci-dessous, n'est pas une petite feuille autonome faite par quelques élèves d'un lycée mal famé d'une banlieue excentrée. La « Mouette Bâillonnée » est un journal lycéen récompensé en 2013 par un prix national, adoubé par la direction de l'établissement concerné, en l'occurrence le lycée Berthelot : celui-ci, situé au cœur d'une ville très bourgeoise du Val-de-Marne est un établissement dont les classes préparatoires aux grandes écoles sont, pour certaines, premières dans les classements nationaux. Les sportifs de haut niveau de l'INSEP y suivent des cours.

À parcourir le numéro 20 de « La Mouette Bâillonnée », on voit d'ailleurs tout de suite que les élèves qui l'animent ont déjà cette assurance des jeunes qui se destinent à des fonctions sociales élevées. On y commente l'actualité mondiale comme dans un hebdo de la presse mainstream, on n'hésite pas à donner un avis sur tout, en quelques lignes, de la guerre au Mali au second mandat de Barack Obama en passant par le nouveau pape, qu'on décrète « résolument progressiste », sans éprouver le besoin d'expliquer pourquoi. Côté loisirs, on a déjà ceux de sa classe, et l'on décerne un petit satisfecit à un bar à cupcakes du centre de Paris.

On est déjà à sa place, à l'aise dans la société, certain d'y briller, conscient de son « devoir de citoyen », et dans un rapport paisible avec l'autorité. C’est la raison pour laquelle d'ailleurs on s'investit dans un journal intégré à l'établissement et non dans une initiative autonome : à quoi bon, puisque seule une différence d'âge nous sépare de ces adultes qu'on remplacera bientôt  et qui incarnent la hiérarchie sociale,?
Et pourtant, cela n'est absolument pas contradictoire avec le fait d'être « anti-système », c’est-à-dire de se sentir dépositaire d'une certaine « rébellion », convaincu que certaines choses doivent changer en ce bas monde. Par exemple, la domination des sionistes qui empêche qu'on se marre sur la Shoah.

Voilà en effet le sujet de deux « articles » du dernier numéro: il faut bien mettre « article » entre guillemets, car le contenu est juste une succession de copiés-collés trouvés sur les sites dieudonnistes, construit comme ces mauvais corrigés de sujets du bac qu'on trouve sur le net. Et là le sujet ce serait : «  En partant de l'exemple de Dieudonné, vous montrerez en quoi la France est dominée par les Juifs ».

Pour ces jeunes gens, en effet, Dieudonné, en s'offrant tel le Christ au sacrifice ultime a dévoilé la vérité du monde : il y a des « sionistes » partout, dans les médias et au plus haut niveau du pouvoir. Manuel Valls en est un, par sa femme, car c'est bien connu, cette chose-là se transmet par les femmes. Mais pas seulement : toutes celles et ceux qui ont pris position contre l'antisémitisme et le négationnisme, toutes celles et ceux qui considèrent que l'extermination des Juifs d'Europe est un événement important dans l'histoire européenne, toutes celles et ceux qui pensent que des meetings fascistes où l'on appelle à mettre les gens dans les chambres à gaz sont un problème, eux aussi sont aussi des « sionistes » et les vrais maîtres du pays.
Bien évidemment, ces jeunes gens là sont prudents et connaissent les limites de vocabulaire à ne pas franchir pour le moment : on ne lira pas sous leur plume que les Juifs contrôlent les médias ou le gouvernement, non,  seulement les « sionistes ». Malheureusement pour nos « antisionistes », la rédaction est bâclée, et par conséquent est totalement absente la petite référence traditionnelle aux Palestiniens, censée témoigner chez le locuteur antisémite de son amour des opprimés, amour qui ne s'exprime d'ailleurs chez lui que par la haine du Juif et non par des actions de solidarité avec la Palestine

On ne les verra pas non plus remettre en cause des décisions de justice, juste proférer un énorme mensonge, selon lequel Dieudonné n'aurait jamais été condamné par un tribunal pour incitation à la haine raciale : en réalité Dieudonné fait l'objet actuellement de quatre condamnations définitives sur ce sujet, et d'une susceptible d'appel.

Mais sans doute nos journalistes en herbe ont-ils eu un doute sur la crédibilité de la manœuvre éculée consistant à remplacer dans la bonne vieille thèse du complot juif mondial à l'assaut du pays réel, le mot « Juif » par le mot « sioniste ». On ne voit pas d'autre raison à l'inversion victimaire, grossière et délirante qui intervient dans l'article lorsque ses auteurs parlent de « meurtres sur des citoyens faisant une quenelle ». On savait que le racisme et l'antisémitisme avaient tué en France récemment, on ignorait que des fascistes étaient morts. Mais sans doute est-ce parce que les « médias » nous le cachent, nos jeunes rebelles, élèves de Seconde, eux, sont tellement bien informés qu'ils nous présentent ces meurtres comme un fait, sans un mot de plus.

A vrai dire, l'article pourrait prêter à rire, ces mensonges grossiers sur le présent s'accompagnant de références historiques involontairement parlantes, lorsque l'apprenti journaliste se fait tribun en en appelant aux grands noms de la Révolution Française. Un peu dommage, lorsqu'on prétend défendre Dieudonné par antiracisme d'invoquer la mémoire du Duc de Castellane, qui certes fut révolutionnaire en 1789 mais devient ensuite un notable du Directoire et de l'Empire . Il est resté célèbre notamment pour avoir organisé en 1802 une rafle de Bohémiens, en arrêtant 500 en une seule nuit avec le projet de les déporter en Louisiane, alors qu'il était préfet. Il est vrai qu'à La Mouette Bâillonnée on n'aime pas trop les Roms : ainsi trouvait-on en novembre, la tribune indignée d'une rédactrice qui estimait qu'il était légitime d'expulser Leonarda Dibrani, et qu'elle avait attiré l'attention à cause de son origine, parce que « rom c'est bien plus attrayant et universel »

Mais tout ceci est évidemment moins drôle si l'on se met à la place des élèves ou des personnels de l'établissement éventuellement visés par la haine dieudonniste. Ils peuvent lire dans le journal du lycée dont la publication est dirigée par le proviseur que le politicien antisémite est en fait la victime, et que ses dénonciateurs sont les véritables maîtres du pays qui ont organisé un « lynchage médiatique » digne d'une dictature.

Si c'est le cas, en tout cas, à Marcelin Berthelot, on résiste résolument à l'envahisseur « sioniste ». Dans certains lycées ordinaires, des élèves ont été sanctionnés par des renvois pour une « simple » quenelle, et leur affaire s'est immédiatement retrouvée au moins dans Le Parisien.

Mais il y a des avenirs à ne pas compromettre. Aussi, en ce qui concerne La Mouette Bâillonnée, l'affaire est à ce jour restée interne. En réalité, il n'y a pas vraiment eu d' « affaire » pour les lycéens concernés : ce sont plutôt celle, professeur, et  ceux, élèves, qui ont osé protester contre cet article qui sont dans un premier temps désignés comme des fauteurs de trouble par une partie de l'établissement. "On n'a jamais de réaction à l'exercice de la liberté d'expression lycéenne, sauf quand on parle des juifs", peut-on entendre dans les couloirs... ou les bureaux. La prof est juive, c'est pour ça, évidemment, qu'elle a réagi ! Pas parce qu'elle est prof d'histoire, pas parce qu'elle est citoyenne, pas parce qu'elle est engagée dans la lutte contre les communautarismes, non, rien de tout cela... Il faut dire que sa protestation a entraîné la mobilisation d'une  partie de la salle des profs. Aujourd'hui,  les articles ont été retirés du site Internet du journal. Et puis ? Et puis c'est tout.


Enfin, pas tout à fait.  Une association de parents d'élèves, bouleversé par la contestation de la pensée de ses brillants rejetons, reprend le flambeau de la juste lutte contre l'envahissement « sioniste » et demande la suppression des actions visant à faire connaître l'histoire de la Shoah, notamment par l'organisation de visites des vestiges des camps d'extermination. C'est évidemment une coïncidence ! La même prof les organise depuis dix ans et publiera bientôt un ouvrage sur celles et ceux qui touchés par les lois raciales de Vichy ont porté l'étoile jaune dans l'établissement. Et elle ne dit rien, pour le moment, de ce qu'elle a trouvé...
Le lycée Marcelin Berthelot eut autrefois parmi ses professeurs, Georges Politzer, philosophe, communiste, résistant, fondateur de l'Université Ouvrière. Son professorat fut interrompu par son arrestation par la Gestapo, qui l'assassina en 1942. 
Bien plus tard, le lycée accueillit un autre élève, Roger Garaudy, négationniste de son état.

À Marcelin Berthelot comme ailleurs, ne laissons pas les faussaires et les négationnistes l'emporter.

Operation Poulpe







lundi 20 janvier 2014

Accusations de pédophilie: les victimes d'Alain Soral

Quand ils ne chassent pas les Juifs sur le net, il ne faut pas croire qu'Alain Soral et ses troupes prennent lâchement du repos en mangeant des saucisses sur un air de Wagner.

Infatigables guerriers du quotidien, les néo-fascistes ne reculent jamais devant la possibilité de persécuter des cibles diverses et variées. Surtout quand il s'agit de ranimer dans la population quelques mythes infâmes issues des poubelles de notre civilisation, comme celui attribuant au « système » évidemment contrôlé par les Juifs, la commission de meurtres et de profanations sexuelles sur les enfants, accompagnées comme il se doit de rituels satanistes.

Lorsqu'on lit sur Egalité et Réconciliation un article récent au titre choc "Affaire-pedocriminelle-AMIDLISA-les-plaignants-seront-ils-reduits-au-silence"», et les liens présents à la suite du texte, il est de prime abord difficile de garder le sens du réel, tant le grotesque, le gore de bas étage, et la trame hallucinée du scénario présenté comme un fait donnent l'impression de lire un très, très mauvais polar .

Tous les ingrédients y sont : la famille recomposée , unie et heureuse, que d'horribles soupçons saisissent lorsque leur gamine commence à faire d' « étranges » dessins en revenant de chez son père. La mère, affolée et en larmes que personne ne croit. Le beau-père y est un anti-héros sympathique et ordinaire, brusquement plongé dans une horreur qui ne cesse de grandir au fil des jours et des mois, confronté à l'inaction troublante des policiers, qui se transforme bientôt en hostilité puis en acharnement contre l'homme qui dénonce l'horrible vérité, à savoir le viol d'enfants par leur père et un ami, puis des orgies sexuelles et meurtrières, où devant des « notables », on oblige les enfants, confiés au père pédophile par la justice complice de la secte , à assassiner d'autres enfants , pas moins de 16. Il ne manque même pas le second rôle habituel des policiers de TF1, le journaliste à la retraite, ancien rédacteur en chef à l'AFP, qui, courageusement décide de faire éclater les faits.

Le site AMIDLISA dont Egalité et Réconciliation fait la promotion depuis longtemps nous livre l'histoire édifiante de tous ces personnages dans un pensum de 180 pages, qu'on finit par abandonner comme on abandonne au bout de trois épisodes la énième série sur les tueurs en série regroupés en secte maléfique.

Et puis, brusquement, on se rappelle que les « personnages » cités nommément et accusés de meurtres en série et de pédophilie existent vraiment, notamment les enfants, dont les noms sont donc référencés sur le net , accolés à des descriptions extrêmement précises d'actes sexuels avec des adultes , de mutilations et de cérémonies barbares. On se rappelle que le père accusé d'avoir tué ou fait tuer seize enfants par ses propres gosses après les avoir violés subit ces accusations publiques depuis des années. On pense aux centaines de milliers de visites pour chaque article d'Egalité et Réconciliation consacré à l'affaire, au paquet d'obsessionnels qui fréquentent ce site, à leurs méthodes de harcèlement virtuel qu'ils mettent en œuvre tous les jours contre leur cibles « judéosionistes ». Et on imagine l'enfer qu'a du vivre l'homme qu'ils accusent, les mails injurieux et/ou délirants, les menaces et ainsi de suite.

Comme tout le reste, le titre du dernier article d'Egalité et Réconciliation est un mensonge : en effet, dans le procès qui fait l'objet de l'article, les « plaignants » ne sont pas Jack Maillard  le beau-père, et sa concubine , ni l'ex-rédacteur de l'AFP, compagnon de route d'Alain Soral. Il s'agit d'un procès en dénonciation calomnieuse, et le plaignant est le père des enfants qui en la garde depuis plusieurs années.

La seule défense possible, quand on se retrouve jeté en pâture sur le net aux troupes des fascistes c'est en effet de porter plainte pour « diffamation », « dénonciation calomnieuses » ou « injures ». C'est évidemment dérisoire au regard de ce qu'on subit.

Car le mal est fait. Et d'aucuns en lisant cet article auront sûrement cette pensée : et si c'était vrai , ce qu'ils racontent ? Et d'aucuns sans doute, dans la vraie vie, regardent ce père de famille en se posant la même question.

Parce qu'après tout, tout est possible, non ? Marc Dutroux a mis longtemps à être arrêté, et il y a eu, réellement, des dysfonctionnements énormes de la police et de la justice, et puis, des pédophiles « multirécidivistes », on en entend parler « tous les jours », dans les médias, et puis, et puis,...

C'est ainsi que fonctionne la machine à deshumaniser des fascistes. Puisque tout « peut être » vrai, alors pourquoi ce serait faux ? Si vraiment la police , la justice, les structures d'aide à l'enfance en danger sont « mouillés » , alors bien sûr « ils » ont pu faire disparaître les preuves, et obliger les enfants à raconter que leur beau-père les avait contraints à confesser de prétendues horreurs sorties de son propre cerveau. Si des « notables » tirent les ficelles, alors bien sûr, personne ne demandera des nouvelles des seize enfants assassinés, on ne retrouvera pas leurs corps.

Bref, après tout SI tout cela est vrai, le fait qu'il n'y ait aucune preuve confirme la vérité.

Evidemment, il suffit de remplacer le nom de l'accusé par le sien dans ce délire halluciné relayé par Egalité et Réconciliation pour trouver les raisonnements du paragraphe précédent terrifiants et odieux. Si la société fonctionnait de cette manière, alors il suffirait que votre voisin soit chef de bloc du parti soralien dans votre immeuble, pour qu'il puisse , du jour au lendemain, décréter que vous êtes un assassin pédophile aux ordres des Sages de Sion.

C'est d'ailleurs ainsi que fonctionnaient les régimes fascistes. Et bien avant leur prise de pouvoir , bien avant que la terreur d'Etat permette de faire taire les voix récalcitrantes, c'est avec des processus de déshumanisation idéologique comparables à ce qui est fait dans ce genre d'articles et de sites qu'ils ont commencé à asseoir leur domination.

Jamais en effet, un de leurs adeptes ne se met à la place des « accusés ». Car la rhétorique antisémite, raciste , et totalitaire a déjà neutralisé toute possibilité d'identification aux victimes. Tout comme le culte du Chef et de sa vérité empêche toute réaction rationnelle, visant à vérifier certains faits, où à se renseigner sur les accusateurs.

Il ne faut par exemple, pas plus qu'un click sur Google, en effet, pour tomber sur le blog de Jacques Maillard, intitulé «  Critique du Libéralisme » et qui , en fait, propose aux lecteurs une méthode délirante de « développement personnel », enrobée d'un discours paranoïaque , bref, un classique des méthodes de recrutement sectaire.

En réalité, il n'y a d'ailleurs non plus aucune compassion , aucune identification de la part des adeptes d'Egalité et Réconciliation vis à vis de celles et ceux qui sont présentés comme des « victimes du complot pédophile ».La première des réactions de compassion, en effet est la volonté de protéger les victimes, et dans le cas précis, ce serait donc déjà s'élever contre la publication dans le détail des actes sexuels prétendument pratiqués sur les mômes, sur de longues, très longues pages, où les descriptions sont souvent mises dans la bouche des enfants. Etrangement, aucun adepte ne semble voir la contradiction qui existe entre sa prétendue répugnance devant la pédophilie et le fait de se livrer au voyeurisme virtuel le plus sordide sur ce sujet, tout en prenant la défense de celles et ceux qui l'ont initié.

En réalité, il est impossible de savoir, ce qui chez ces adeptes relève de la croyance absolue dans les faits évoqués, et ce qui est donc plutôt de l'auto-légitimation à transgresser soi-même certains interdits en attribuant ces transgressions à un ennemi fantasmé et deshumanisé. A vrai dire, si cette question intéresse le psychologue ou le sociologue, elle ne change rien concrètement : que la masse des nazis de base ou leurs dirigeants aient cru profondément leurs propres mensonges, ou qu'ils les aient propagés pour pouvoir accomplir leurs crimes ne change rien au fait que la dynamique collective, entraînant les croyants et les opportunistes a permis les crimes. Certains propagateurs de la rumeur «  AMIDSILA » jouent d'ailleurs sur cette ambiguïté, notamment ceux qui s'adressent à un public venu de la gauche, comme Le Cercle des Volontaires , site où l'on trouve la propagande fasciste d'extrême-droite, mais aussi celles d'alliés de la gauche radicale,  par exemple les militants du MPEP ( voir notre précédent article) . Annonçant le procès en dénonciation calomnieuse qui va se tenir , le site évoque «  un film d'horreur » censuré depuis si ans , et continue sur sa lancée en énonçant la liste des protagonistes à la manière d'un générique de film , en parlant de « synopsis » et même de « critique du film ».

Quelle meilleure manière de dire que la vérité dans cette affaire importe peu, comme importent peu les victimes réelles, ce père et et ses enfants traînés dans l'horreur d'un mensonge halluciné, et que tout ce qui compte, c'est le plaisir des petits bourreaux qui racontent l'histoire et désignent des coupables à harceler et à salir ?

Note: chacun pourra trouver les articles d'Egalité et Réconciliation sur cette affaire en un click sur Google. Pour notre part, dans la mesure où les liens mentionnent des noms de personnes réelles,  n'ayant pas souhaité retrouver leur identité sur la place publique,et qui sont de simples particuliers ayant moins que d'autres les moyens d'enrayer la machine à rumeur des fascistes, nous avons choisi de ne pas mettre de liens clickables, même s'il nous a paru nécessaire de faire connaître le détail des méthodes fascistes.