lundi 27 août 2012

Drogues en stock sur Nations Presse Info

Nations Presse Info est un des sites de propagande officiellement liés au FN, comme l'indique sa présentation : «Nations Presse Info entend diffuser des informations précises, recoupées, aux sources mentionnées et en parfait accord avec l’esprit du mouvement national et patriotique, dont le Front National fondé par Jean-Marie Le Pen et présidé par Marine Le Pen est la principale composante. En ce sens, notre site d’information se différencie fondamentalement des « agences de presse », prétendument « .indépendantes » qui, prenant prétexte d’une fausse liberté, en viennent à désinformer pour d’obscurs intérêts. »

Sa ligne est donc évidemment farouchement nationaliste, chauvine, et protectionniste : le mal absolu serait la mondialisation, et le rêve, une société autarcique où les gentils patrons français exploiteraient en paix les ouvriers.

En ce mois d'août, on y trouve notamment une diatribe vidéo de Philippot, du bureau national du FN contre la « catastrophe » que représenterait le rachat d'un domaine viticole par un patron chinois.

Sur le bandeau droit de la page d'accueil de Nations Presse Info, on trouve une rubrique qui promeut certaines entreprises et commerces : à première vue essentiellement des petites PME qui soutiennent le FN, un restaurant parisien, un hôtel du Sud qui offre le petit-déjeuner aux adhérents FN, un salon de toilettage canin et quelques autres qui ont trouvé intéressant de faire leur pub sur le site.

Mais il y a aussi une petite bannière clickable au nom un peu hermétique « Epzills Pharma ».



De quoi s'agit-il ? D'une pharmacie en ligne. Mais d'un genre un peu particulier. Les prix sont indiqués en dollars, il est impossible de trouver une localisation de l'entreprise, et ne figurent nulle part, les conditions générales de vente et les mentions légales obligatoires en France sur la vente par correspondance.

Et pour cause...

Le site propose tout simplement des médicaments dont la vente n'est pas autorisée en France ou alors seulement sur ordonnance.

Il y a par exemple une rubrique «  Cancer du sein », ou l'on trouve des médicaments comme l'Arimidex, retiré de la vente sous certaines formes en 2009 en France ou le Femara, dont la prescription est évidemment soumise à suivi médical strict, au vu des contre-indications et effets secondaires possibles.



Il y aussi une rubrique «  Dépression ou anxiété », ou l'on peut par exemple se procurer du Xanax, benzodiapépine créant rapidement une très forte dépendance et par ailleurs utilisée comme drogue de rue depuis très longtemps, servant parfois à couper l'héroine. On y trouve aussi de l'Effexor, un antidépresseur dont la prise peut-être mortelle si le patient a été traité avec certaines autres molécules les mois précédents.



Il est aussi possible de se procurer des anti-inflammatoires comme le Feldene ou le Voltarène, dont la consommation sans précautions entraine de graves problèmes pour l'estomac et les intestins, sans compter les problèmes d'accoutumance.

Plus globalement le site offre des rubriques qui incitent à l'auto-médication pour des problèmes aussi graves que les crises cardiaques, l'arthrite,ou l'autisme.

Alors, évidemment il ne s'agit pas de se scandaliser que Nations Presse Info fasse le contraire de ce qu'il prône  en faisant de la pub à du commerce en ligne mené par une entreprise étrangère.

Pour toutes celles et ceux qui n'ont pas le portefeuille bien garni de la famille Le Pen, heureusement qu'acheter français n'est pas une obligation. Et de toute façon, ceux qui ont un patron bien de chez nous savent bien que la nationalité ne change rien à l'exploitation quotidienne.

Le vrai problème, ici, c'est le danger sanitaire représenté par ces entreprises qui contournent la loi : la vente de médicaments soumis à prescription est interdite en France, malheureusement contrôler tous les sites est impossible.

Les « médicaments » vendus sur ces sites sont souvent des contrefaçons, ne comportant pas les même dosages que l'original, les conditions de stockage et de conservation sont aussi fréquemment problématiques. Certains compléments alimentaires vendus sur ces sites et analysés en laboratoire se sont avérés contenir des substances vénéneuses.

Et puis tout simplement, la prise de médicaments sans prescription peut aggraver les pathologies existantes, et de manière globale susciter des pharmaco-résistances susceptibles de compromettre la lutte contre les grandes épidémies.

Bref, ce n'est pas parce qu'un patron Chinois a racheté un domaine viticole que le vin changera de goût , ni que son prix augmenter.
Par contre, les dangers représentés par le trafic international de médicaments sont bien réels, et Nations Presse Info montre au passage le peu d'intérêt qu'il a pour les sympathisants du FN et lecteurs du site qui tomberont malades après avoir acheté des saloperies chez EZ-Pharma.

Mais lorsqu'il s'agit d'augmenter les recettes publicitaires, on peut bien sacrifier ces « pauvres Français » que l'on est censé défendre...

PS : la publication de cet article a entraîné une vive controverse éthique au sein de la rédaction. Fallait-il avertir les lecteurs de Nations Presses Infos des dangers qu'ils couraient ? Ou les laisser s'empoisonner, car ça nous ferait des vacances ? Finalement,n'écoutant que notre bon coeur,  nous avons décidé de vivre sans haine pour le peuple français.

André Gérin, le "communiste" qui aime les camions et les patrons pétainistes

André Gérin est un indéboulonnable du PCF.

Comme son camarade , le député également indéboulonnable, PatriceCarvalho, opposé au mariage pour tous et au droit de vote des étrangers , André Gérin assume son racisme, a sur l'immigration les mêmes idées que le FN et l'UMP et les revendique ouvertement. D'ailleurs la préface d'un de ses livres a été écrite par Eric Raoult.

Gérin et Carvalho ont toujours eu leur place au Parti. Au moins depuis les années 80, où Georges Marchais et d'autres avaient eu l'idée de dire la même chose que l'extrême-droite sur l'immigration, d'arborer le drapeau français et de détruire des foyers au buldozer, histoire de ne pas laisser l'électorat partir au FN.

Ca n'a pas marché, et même d'un point de vue très cynique sur le mode «  on ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs ». Le PCF a bien cassé les œufs en s'en prenant aux immigrés et à leurs descendants mais l'omelette , c'est le FN qui la mange.

Pourtant Gérin et consorts sont toujours là, dans l'indifférence générale. Carvalho, député fraichement élu peut annoncer qu'il se battra contre les lobbys homos et des femmes voilées, pour que ni le mariage pour tous, ni le droit des vote des étrangers ne soient adoptés, le PC comme le FDG protestent mollement et puis c'est tout.

Jusqu'où iront Gérin ou Carvalho sans être virés à coups de pied au cul et désavoués par toute la gauche ?

Jusqu'au néo-fascisme en ce qui concerne Gérin, qui dans une tribune passée inaperçue , sauf sur les sites d'extrême droite comme celui d'Alain Soral où elle a été republiée et applaudie, en vient, tranquillement à faire l'apologie d'un patron pétainiste, et de son œuvre colonisatrice ultérieure.

Le patron, c'est Paul Berliet décédé récemment,fils d'Emile Berliet ,une haute figure de la bourgeoisie avant 1945. L'usine de camions Berliet est déjà florissante avant-guerre et Berliet père s'illustre par sa main de fer : sous le Front Populaire, il recourt au lock out, à la répression sans failles, jusqu'à ce que le soutien de la population aux ouvriers le contraigne à céder.

Dès cette époque, il comprend l'intérêt du fascisme de gauche et se rapproche de Doriot, et dès 38 il finance une antenne du PPF au sein de l'usine.

Sous l'occupation, Berliet et ses deux fils sont des vichystes convaincus , actifs et solidaires de Pétain et des nazis jusqu'au bout. Ils gagnent énormément d'argent en fournissant leurs véhicules au Reich, qui en a évidemment grand besoin. En 1942, une grève éclate, contre l'envoi d'ouvriers en Allemagne. Les Berliet la répriment avec la plus grande violence, et fait appel à la police pétainiste pour occuper deux de ses usines.

Le père et les deux fils sont condamnés à la Libération, pour avoir collaboré économiquement avec l'occupant, mais aussi pour avoir livré un ouvrier à la Gestapo. Le père prend deux ans, les fils cinq ans. Mais dès 1949, l'usine est rendue à la famille qui reprend ses activités.

Il faut dire que les camions Berliet n'ont pas fini d'être utiles : le T100 numéro un sera essentiel à l'exploitation pétrolière en Algérie coloniale et l'indépendance de l'Algérie mettra seule fin à la « grande époque Berliet ».

C'est cette grande époque dont Gérin est nostalgique. Ce sont ces collabos pétainistes reconvertis dans l'exploitation économique des colonies, à qui Gerin rend hommage en les qualifiant de « bourgeoisie lyonnaise industrieuse qui ne faisait pas de l'argent en spéculant et en dormant ».
Après avoir dit toute la fierté à avoir travaillé chez Berliet dans les paragraphes suivants de son texte, Gerin est encore plus clair sur ses préférences .

Selon lui, malheureusement, ce qu'il nomme à juste titre «  le pétainisme industriel » a laissé la place à la « dictature de la finance ».

Cette défense de la famille Berliet, Gérin le « communiste » n'est pas le premier à la faire : Berliet , en effet ne sont pas des patrons collaborationniste parmi d'autres, il sont depuis la chute de Vichy, une des références incontournables de l'extrême-droite, à la fois à cause de leurs choix pendant la guerre mais aussi à cause de l' appui de Berliet Père au PPF de Doriot dans les années 30.

Ainsi, Saint Loup , alias Marc Augier, idole de l'extrême-droite néo-nazie, membre du bureau politique de Doriot puis de la LVF, et qui combattra en Allemagne avec les Waffen SS dans les derniers jours du régime hitlérien , a-t-il consacrée un ouvrage laudateur à la dynastie Berliet centré sur le père «  Marius Berliet l'inflexible ».

L'article sur Marius Berliet sur Wikipedia a donné lieu à une offensive de militants d'extrême-droite pour tenter de le faire passer pour une victime de l'épuration.

L'article de Gérin apporte donc une pierre supplémentaire à l'opération de réhabilitation d'une famille de patrons qui s'est inscrite dans le 20ème siècle en participant activement à l'horreur nazie, puis en profitant grassement de la colonisation.

Ce sont ces pétainistes que Gerin regrette en les comparant à « la dictature de la finance », une expression également employée par les SS comme Saint Loup, dans le même contexte , pour désigner les Juifs prétendument maîtres du monde et spoliateurs des gentils patrons ' bien de chez nous. '

Que la similitude sémantique soit inconsciente ou volontaire dans le texte de Gérin, elle y est de toute façon lourde de sens, employée dans un article qui parle avec nostalgie d'un père et d'un fils qui ont livré des ouvriers résistants à la Gestapo.

Et l'apologie du « patron de choc », et de la bourgeoisie lyonnaise n'est pas autre chose politiquement que du doriotisme, lui-même prôné par des anciens communistes passés au fascisme.

Mais Doriot membre du PCF en fut exclu en 1934, avec nombre d'autres communistes , souvent élus et ayant des responsabilités dans le parti.

Aujourd'hui manifestement, on peut être raciste et faire l'apologie de patrons pétainistes admirateurs des nazis, et rester tranquillement au Parti.








Quand le Figaro fait l'apologie d'un documentaire dont la star est Faurisson

Le film de propagande de Béatrice Pignède « Main basse sur la mémoire » n'a malheureusement rien d'exceptionnel dans son sujet , la promotion du négationnisme. Rien d'original non plus dans la stratégie mise en œuvre : comme souvent, on prend prétexte d'une critique de la loi Gayssot et des autres lois contre les apologues des génocidaires et négateurs des génocides pour se livrer à de la propagande fasciste et mettre en lumière quelques leaders ou écrivains de cette mouvance.

Dans le documentaire de Pignède, le personnage central , c'est évidemment Faurisson.

Qui sont les autres intervenants volontaires ? Paul Ricoeur d'abord, philosophe protestant qui en 2000 écrivit notamment un ouvrage sur la mémoire, où certes il condamne le négationnisme mais sans vraiment préciser ce qu'est le négationnisme et tout en se livrant à une critique voulue radicale du témoignage et de sa valeur, notamment en ce qui concerne les rescapés des camps. Paul Ricoeur entretenait un rapport spécifique à la mémoire de la Seconde Guerre Mondiale, puisqu'il ne mentionnait jamais avant que ce ne soit découvert par un autre philosophe sa collaboration à une revue pétainiste mais aussi un texte d'avant-guerre trouvant tout de même certains avantages au fascisme et à Hitler.(http://sens-public.org/spip.php?article537)

Autre intervenante, une universitaire élue au CA de sa faculté sur les listes de droite de l'UNI mais également membre du conseil scientifique de la fondation Respublica de Chevènement, Anne Marie le Pourhiet. Une combattante infatigable contre les droits des minorités, dénonciatrice des soi-disant lobbys homosexuels ou antiracistes ( lire ici une tribune contre le mariage homo sur Causeur).

Voilà pour les deux stars inédites : les autres intervenants entourant Robert Faurisson sont quant à eux des figures devenues classiques de la mouvance rouge-brune, pro-dictateurs , antisémite et conspirationniste : Jacob Cohen, mythomane se prétendant ancien franc-maçon et dévoileur du grand complot des sayanim ( en gros l'ensemble des Juifs de la diaspora presque tous agents du sionisme sauf Jacob Cohen et quelques autres), Jean Bricmont, intellectuel belge ayant depuis longtemps basculé dans l'antisémitisme le plus évident, ayant récemment salué le courage de Faurisson, Annie Lacroix Ritz, néo-stalinienne depuis toujours et réduisant la lutte des classes à un complot de la vilaine synarchie contre les méchants ouvriers, Finkelstein auteur de l'Industrie de l'Holocauste, et l'un des lieutenants de Thierry Meyssan, le fondateur du Reseau Voltaire, actuellement réfugié en Syrie et apologue d'Assad après avoir été celui de Kadhafi.

La principale voie de pénétration des négationnistes comme Faurisson dans la tête des gens qui cherchent à trouver une information « alternative «  au « système » est de se faire passer pour des rebelles persécutés par la justice et boycottés par les médias.

La manière dont ce documentaire a été accueilli par de grands organes de presse et de cinéma démontre absolument le contraire : à commencer par le Figaro, qui non seulement lui consacre une élogieuse critique spécifique mais le choisit aussi pour illustrer un autre article sur le renouveau des documentaires.

C'est Marie Noelle Tranchant qui écrira les deux articles : dans le premier , le film y est décrit comme mettant en lumière les conséquences « néfastes » de la loi Gayssot, et une bonne manière d' «  exercer son esprit critique ». Nulle mention n'y est faite précisément de la présence de Robert Faurisson, ni de la couleur politique réelle de la réalisatrice, ni de sa participation, par exemple, au festival de films négationnistes organisé à Téhéran par le dictateur Ahmadinejad. Manifestement au Figaro, on n'a pas trop envie d'exercer l'esprit critique des lecteurs en leur donnant tous les éléments pour apprécier la nature et la provenance réelle du documentaire.

Le second article intitulé « La vogue des documentaires bat son plein » consacre deux paragraphes sur six à Béatrice Pignède et à son documentaire, paragraphes centraux dans le texte et mis en valeur par un intertitre significatif «  certains débats n'ont pas lieu ». Lesquels ? Selon Pignède et la journaliste, ceux sur Dieudonné, la Lybie...et les lois dites « mémorielles », évidemment. A cause de quoi ? De l'exacerbation des communautarismes , nous dit Marie Noelle Tranchant dans une phrase sans guillemets.

La journaliste du Figaro reprend donc à son propre compte les pseudo-arguments de la propagande fasciste sur la prétendue impossibilité d'aborder certains débats. Elle ne manque pas de mentionner le « prétendu hasard » qui fait que le documentaire sorte en même temps que la proposition de loi contre la négation du génocide arménien.

Ceci n'est pas spécialement étonnant au sens où la coalition politique qui s'est mise en place contre cette loi est exactement la même que celle qui apparaît dans le documentaire : une partie de la droite réactionnaire, toute l'extrême-droite, et une partie de la gauche ayant sombré depuis longtemps dans l'antisémitisme et le conspirationnisme.

Une telle alliance contre les victimes des génocidaires ne pouvait que porter ses fruits en terme de banalisation du négationnisme et c'est ce qui arrive avec ce documentaire, désormais référencé sur les bases de données du type Allo Ciné, mais aussi sur les pages cinéma des grands journaux, par exemple Ciné Obs.

Sur Ciné Obs, c'est carrément la jaquette officielle fournie dans le dossier de presse de Clap 36 qui fait figure de présentation. C'était également le cas sur Allo Ciné avant que des protestations soient adressées au site par plusieurs collectifs et individus. Allo Ciné a donc neutralisé sa présentation, mais en laissant la page , en sus de celle consacrée à Pignède.

La réponse aux critiques qui lui ont été adressées par des internautes résume bien la situation :


« Nous comprenons tout à fait que les idées véhiculées par cette réalisatrice vous heurtent. Néanmoins, Mme Béatrice Pignède a signé des films distribués en salles. A ce titre, il n’est pas illogique ou scandaleux que son nom figure dans notre bases de données et que vous le retrouviez sur le site. C’est une donnée objective »

En gros, pour Allo Ciné comme pour les autres médias, le négationnisme n'est pas un problème en soi et donner un espace à Faurisson, un de ses promoteurs n'est pas un souci non plus tant qu'il est mis en valeur par des gens « respectables » : en l'occurence Pignède est considérée comme telle puisqu'elle a été journaliste pour Arte et pour Arrêt sur Images.

La banalisation du négationnisme franchit donc un nouveau pas avec ce documentaire, et les alliances qui se tissent autour de l'agression permanente des minorités, autour des tentatives de destruction des rares protections législatives existantes se font bien autour du pivot fondamental constitué par la négation des génocides.

Néanmoins, désormais défendus par le Figaro ou Allo Ciné, les négationnistes et leurs amis auront bien du mal à se faire passer pour des rebelles boycottés par le système .