mercredi 10 septembre 2014

Sur un colloque de CIVITAS à l'IRIS

A l'occasion de l'interdiction des spectacles de Dieudonné, Pascal Boniface , directeur de l'IRIS, un des plus prestigieux think thank français sur les questions internationales expliquait aux lecteurs du Nouvel Obs que les méthodes de luttes utilisées contre le politicien fasciste et son public de néo-nazis n'étaient pas les bonnes. Par exemple, selon lui, il convient de ne pas appeler néo-nazis , les néo-nazis qui vont rire au spectacle de Juifs menacés de la chambre à gaz par un néo-nazi. Ca braque ce public « jeune et divers » selon ses termes. Grand défenseur de la liberté d'expression, Pascal Boniface ne voyait aucune raison d'interdire un meeting de Dieudonné.

On peut donc voir une certaine logique poussée à son terme dans l'accueil par l'IRIS d'un  "colloque"  organisé par des fascistes et des intégristes.

Le 20 septembre, parmi les grands raouts de rentrée de l'extrême-droite, une réunion se distingue par la notoriété de ses intervenants : Emmanuel Ratier, ancien de National Hebdo et de Minute, actuel tenancier d'une des lettres d' « info » les plus prestigieuses chez tous les fascistes , « Faits et Documents ». L'homme, pourfendeur inlassable du « lobby juif » est également animateur sur Radio Courtoisie, et a fait partie de ceux qui ont inspiré Thierry Meyssan pour l'Effroyable Imposture et sa théorie du « complot du 11 septembre ». A ses côtés , Pierre Hillard, autre essayiste d'extrême-droite conspirationniste , spécialiste de la dénonciation des « élites mondialistes apatrides «  et éditorialiste sur le site du maire FN Roberd Ménard. .

La réunion en elle-même aura pour sujet «  La tradition catholique, remède au Nouvel OrdreMondial ». Elle est en effet organisée par CIVITAS, le groupe intégriste , qui dénonce à longueur de manifestation l' « homofolie », et qui harcèle pêle-mêle les femmes souhaitant avorter, les professeurs de l'école publique avec ses amis des JRE , où les théâtres et chaînes de télé osant programmer des œuvres qui leur déplaisent. Sur l'immigration et l'islam, CIVITAS dénonce un autre horrible complot, celui du Grand Remplacement, on en trouvera un résumé ici, avec le titre évocateur « sur la démographie et l'immigration en France »

Ce « colloque » se tient dans l'espace de conférences de l'IRIS, au 2,bis rue Mercoeur, dont les salles sont louées au minimum 3000 euros la journée. L'IRIS est une association d'utilité publique dont 35% des fonds provenaient de financements publics en 2011 selon son directeur adjoint Jean Pierre Maulny. Interrogé par Rue 89, il précisait la somme exacte : plus de 311 000 euros versés en grande partie par le Ministère des Affaires Etrangères et celui de la Défense

C'est donc dans le centre d'une association financée par l'argent public qu'Alain Escada braillera ses malédictions contre les homosexuels et les franc-maçons qui permettent à l'islam d'asseoir sa domination en France, notamment en propulsant une sorcière d'origine marocaine au gouvernement. C'est là que Ratier et Hillard pourront développer leurs théories sur le complot sionisto-apatride. 

Il n'est pas difficile de connaître les éventuelles justifications qui seront apportées à cet accueil: la location d'une salle n'est pas une "caution" aux discours qui y sont tenus, la preuve, ces salles sont louées à des intervenants très divers, et ainsi de suite (1). C'est ainsi que va la banalisation de la haine et de ses porteurs: on les invite dans les médias exactement comme "n'importe qui d'autre" et cela n'engage pas la responsabilité de l'animateur. On leur fournit des salles de conférences comme à "n'importe qui d'autre", et cela n'engage pas les responsables des lieux où se tiennent les conférences, fussent-ils eux même des acteurs du jeu politique et non de simples particuliers.

Après tout, ce n'est que la traduction concrète de la liberté d'expression que Pascal Boniface défend pour les nazis qu'il ne faut pas fâcher en les appelant nazis. Et peu importe si ce samedi 20 septembre, CIVITAS et ses amis « jeunes et divers », eux, ne se préoccuperont guère de fâcher les cibles de leur antisémitisme, de leur racisme et de leur homophobie, en appelant à la haine. Tant qu'ils peuvent se payer la salle à 3000 euros la journée, ils sont libres, comme "n'importe qui d'autre".

(1) L'IRIS n'est pas la seule institution bénéficiant de fonds publics qui accueille des fascistes notoires pour de prétendus "colloques": au mois de mai 2014, c'est la Maison de  la Chimie qui accueillait un hommage à Dominique Venner où étaient présents même des membres de Casapound.


jeudi 20 février 2014

Antisionisme: halte à la récupération de l'extrême-droite

Tract trouvé au bar autogéré "La Libre Parole à prix libre". 

:
EXTREME-DROITE : HALTE A LA RECUPERATION !

Ce 9 février, nous, antifascistes radicaux, avons repris la rue et les slogans qui vont avec aux imposteurs dieudonnistes.

Par milliers, nous avons crié notre haine des sionistes . Le tout dans une atmosphère fraternelle, avec une banderole DIY , et sans exiger quarante euros des participants, comme le font ces fascistes qui dénoncent les banques, mais se comportent pourtant comme de petits Goldman et Sachs au quotidien.

Il est temps d'en finir avec les faussaires qui se font du fric sur nos idées.

La plupart des ouvrages vendus par la maison d'édition de Soral étaient publiés dès la fin des années 70 par la Vieille Taupe , et Pierre Guillaume, anti-impérialiste historique a aidé Faurisson à médiatiser ses thèses subversives sans exiger un seul centime, et ce à une époque où elles n'étaient pas à la mode. Sans Noam Chomsky, et sa préface à une brochure sur l'acharnement judiciaire contre le révisionnisme, ce même Faurisson aurait-il eu les honneurs des médias oligarchistes ?

Quand il faut payer pour la moindre séance de dédicaces à la Main d'Or, notre librairie Résistances propose gratuitement, des évènements par dizaines, où se croisent des camarades révisionnistes comme Gilad Atzmon, des penseurs radicaux comme Pierre Tevanian, et tous les activistes qui se respectent, comme Xavier Renou . D'ailleurs, en 2009, c'est bien devant cette librairie que s'organisait la résistance transversale contre le sionisme, lors d'une manifestation qui regroupait aussi bien le NPA que l'avocat de Faurisson, et où était lancée une pétition pour la dissolution des milices non-goy initiée par Paul Eric Blanrue, auteur de l'ouvrage de référence antisioniste « Sarkozy , Israël et les Juifs ».

Dieudonné nous crache dessus, mais que serait-il sans nous ? Qui, sinon des camarades d'extrême-gauche l'ont défendu au début des années 2000 , lorsqu'il commençait à briser le silence sur le rôle des sionistes dans l'esclavage, et plus globalement dans le malheur du monde ? Qui l'a invité sur la liste Europalestine ? Et les Bricmont, les Etienne Chouard, les Michel Collon qui aujourd'hui renient les antifa, oublient-ils les innombrables débats organisés dans des lieux alternatifs où ils ont pu faire connaître leurs idées ?

Bien sûr, beaucoup de jeunes militants sincères ignorent tout cela. Et ce d'autant que le système fait tout pour perpétuer l'imposture. Après les tartufferies vallsiennes de ces derniers temps, et la pub faite volontairement et gratuitement à Dieudonné par le ministre de l'intérieur bien connu pour son sionisme , on peut d'ailleurs se poser la question : pour qui roulent vraiment Dieudonné et les siens ?

Le cortège fasciste qui criait «  Juif , la France n'est pas à toi » a été promotionné sur tous les merdias, alors que le nôtre , qui dénonçait concrètement les oligarques sionistes aux manettes en France , par de vigoureux «  A Paris, comme à Gaza, antifa ! » ( souvent plagié par le GUD, qui remplace antifa par intifada , beaucoup moins précis ) a été totalement censuré par la télé aux ordres. Et pour cause, nous, nous ne sommes pas antisémites, nous ne tombons pas dans le piège tendu par le système : jamais nous ne crierons contre les Juifs dans leur ensemble, dans la mesure où il y a en une bonne vingtaine en France, et au moins quelques centaines dans le monde, qui ont des positions politiques sympa. Et n'y en aurait-il qu'un seul, d'ailleurs que nous continuerions à le défendre contre les nazis, mais ce n'est pas le cas, puisqu'ils sont au moins deux à l'UJFP.

Et ce sont bien ces positions intransigeantes et sans concessions, qui font de nous, la cible de toutes les attaques : Soral et Dieudonné ne sont pas les seuls à nous détester, les millions de miliciens armés de la Ligue de Défense Juive sont aussi à nos trousses, nous avons d'ailleurs encore été victimes d'un tweet de leur part la semaine dernière, une énième inqualifiable agression que bien sûr la justice ne punira pas. Quoi qu'en disent Soral et les siens, les Salauds Sionistes savent reconnaître leurs vrais ennemis : ils ont bien noté que Gregory Pasqueille, l'auteur de la page « Déporter un sioniste », n'a pas fait son éducation dans les rangs fascistes mais chez nous !

Le 9 février à donc été une réussite. Nous la prolongerons le mois prochain par un hommage collectif à Georges Sorel, qui sera l'occasion de rétablir certaines vérités quant à la paternité du concept de l' « anti-système », et qui se conclura par l'inauguration officielle du Cercle Chomsky-Rassinier.

NI DROITE, NI GAUCHE ET ENCORE MOINS SIONISTES. !

ANTIFA TANT QU’ISRAËL VIVRA !

Collectif La HARDE ( Héros Antisionistes, Radicaux, Dissidents et Engagés)


Addendum : pour les mal-comprenants éventuels, la parodie ci-dessus, à peine outrée au regard de ce qu'on peut lire et entendre dans une certaine gauche radicale actuellement, nous a paru la manière la plus simple de signifier notre antagonisme définitif avec ce qui se donne le nom d'"antisionisme de gauche". Cet antagonisme existe pour les mêmes raisons que celui qui nous oppose à certains soit-disant défenseurs de la "laïcité", auxquels nous avons consacré quelques textes. Victimes du racisme ET de l'antisémitisme, nous luttons contre la haine, quel que soit le nom qu'elle se donne.

mardi 4 février 2014

Dans un lycée de prestige, un antisémitisme d'une certaine classe

Mise à jour : après de nombreux messages d'insultes, les auteurs des articles dont il est question ci-dessous, ardents défenseurs de la liberté d'expression des antisémites se sont attaqués à la nôtre en demandant à notre hébergeur de supprimer la reproduction de leur prose, qu'ils avaient pourtant eux-même mise en ligne au départ de l'affaire. N'ayant pas les ressources juridiques et les moyens matériels des parents de nos jeunes élites , nous nous contenterons donc de signaler à nos lecteurs que le "journal qu'ils ne veulent pas que tu lises" se trouve ailleurs sur le net 


 Le public de Dieudonné, ce sont surtout les jeunes de banlieue, issus de l'immigration. Poncif éculé dont beaucoup veulent voir la preuve dans les exemples de « quenelliers » mis en avant par les médias ces derniers temps.

Le site Rue 89 et d'autres ont ainsi beaucoup parlé d'un jeune animateur de Seine et Marne, dont la municipalité qui l’employait a demandé et obtenu la démission après qu'il ait posté des photos de lui et des mômes dont il avait la responsabilité reproduisant à son instigation le geste de ralliement au politicien fasciste.

Mais cette apparence médiatique correspond à une réalité éludée : celle des protections sociales dont bénéficie une autre partie de la jeunesse quand il s'agit de réprimer l'antisémitisme, exactement comme c'est le cas pour d'autres comportements.

Il y a ainsi des établissements scolaires prestigieux, dans lesquels le milieu social dont on est issu, comme le brillant avenir auquel on est promis, permettent de laisser libre cours à son antisémitisme, comme d'ailleurs à son homophobie et à son racisme.

Le journal, dont les articles sur l' « affaire Dieudonné » sont reproduits ci-dessous, n'est pas une petite feuille autonome faite par quelques élèves d'un lycée mal famé d'une banlieue excentrée. La « Mouette Bâillonnée » est un journal lycéen récompensé en 2013 par un prix national, adoubé par la direction de l'établissement concerné, en l'occurrence le lycée Berthelot : celui-ci, situé au cœur d'une ville très bourgeoise du Val-de-Marne est un établissement dont les classes préparatoires aux grandes écoles sont, pour certaines, premières dans les classements nationaux. Les sportifs de haut niveau de l'INSEP y suivent des cours.

À parcourir le numéro 20 de « La Mouette Bâillonnée », on voit d'ailleurs tout de suite que les élèves qui l'animent ont déjà cette assurance des jeunes qui se destinent à des fonctions sociales élevées. On y commente l'actualité mondiale comme dans un hebdo de la presse mainstream, on n'hésite pas à donner un avis sur tout, en quelques lignes, de la guerre au Mali au second mandat de Barack Obama en passant par le nouveau pape, qu'on décrète « résolument progressiste », sans éprouver le besoin d'expliquer pourquoi. Côté loisirs, on a déjà ceux de sa classe, et l'on décerne un petit satisfecit à un bar à cupcakes du centre de Paris.

On est déjà à sa place, à l'aise dans la société, certain d'y briller, conscient de son « devoir de citoyen », et dans un rapport paisible avec l'autorité. C’est la raison pour laquelle d'ailleurs on s'investit dans un journal intégré à l'établissement et non dans une initiative autonome : à quoi bon, puisque seule une différence d'âge nous sépare de ces adultes qu'on remplacera bientôt  et qui incarnent la hiérarchie sociale,?
Et pourtant, cela n'est absolument pas contradictoire avec le fait d'être « anti-système », c’est-à-dire de se sentir dépositaire d'une certaine « rébellion », convaincu que certaines choses doivent changer en ce bas monde. Par exemple, la domination des sionistes qui empêche qu'on se marre sur la Shoah.

Voilà en effet le sujet de deux « articles » du dernier numéro: il faut bien mettre « article » entre guillemets, car le contenu est juste une succession de copiés-collés trouvés sur les sites dieudonnistes, construit comme ces mauvais corrigés de sujets du bac qu'on trouve sur le net. Et là le sujet ce serait : «  En partant de l'exemple de Dieudonné, vous montrerez en quoi la France est dominée par les Juifs ».

Pour ces jeunes gens, en effet, Dieudonné, en s'offrant tel le Christ au sacrifice ultime a dévoilé la vérité du monde : il y a des « sionistes » partout, dans les médias et au plus haut niveau du pouvoir. Manuel Valls en est un, par sa femme, car c'est bien connu, cette chose-là se transmet par les femmes. Mais pas seulement : toutes celles et ceux qui ont pris position contre l'antisémitisme et le négationnisme, toutes celles et ceux qui considèrent que l'extermination des Juifs d'Europe est un événement important dans l'histoire européenne, toutes celles et ceux qui pensent que des meetings fascistes où l'on appelle à mettre les gens dans les chambres à gaz sont un problème, eux aussi sont aussi des « sionistes » et les vrais maîtres du pays.
Bien évidemment, ces jeunes gens là sont prudents et connaissent les limites de vocabulaire à ne pas franchir pour le moment : on ne lira pas sous leur plume que les Juifs contrôlent les médias ou le gouvernement, non,  seulement les « sionistes ». Malheureusement pour nos « antisionistes », la rédaction est bâclée, et par conséquent est totalement absente la petite référence traditionnelle aux Palestiniens, censée témoigner chez le locuteur antisémite de son amour des opprimés, amour qui ne s'exprime d'ailleurs chez lui que par la haine du Juif et non par des actions de solidarité avec la Palestine

On ne les verra pas non plus remettre en cause des décisions de justice, juste proférer un énorme mensonge, selon lequel Dieudonné n'aurait jamais été condamné par un tribunal pour incitation à la haine raciale : en réalité Dieudonné fait l'objet actuellement de quatre condamnations définitives sur ce sujet, et d'une susceptible d'appel.

Mais sans doute nos journalistes en herbe ont-ils eu un doute sur la crédibilité de la manœuvre éculée consistant à remplacer dans la bonne vieille thèse du complot juif mondial à l'assaut du pays réel, le mot « Juif » par le mot « sioniste ». On ne voit pas d'autre raison à l'inversion victimaire, grossière et délirante qui intervient dans l'article lorsque ses auteurs parlent de « meurtres sur des citoyens faisant une quenelle ». On savait que le racisme et l'antisémitisme avaient tué en France récemment, on ignorait que des fascistes étaient morts. Mais sans doute est-ce parce que les « médias » nous le cachent, nos jeunes rebelles, élèves de Seconde, eux, sont tellement bien informés qu'ils nous présentent ces meurtres comme un fait, sans un mot de plus.

A vrai dire, l'article pourrait prêter à rire, ces mensonges grossiers sur le présent s'accompagnant de références historiques involontairement parlantes, lorsque l'apprenti journaliste se fait tribun en en appelant aux grands noms de la Révolution Française. Un peu dommage, lorsqu'on prétend défendre Dieudonné par antiracisme d'invoquer la mémoire du Duc de Castellane, qui certes fut révolutionnaire en 1789 mais devient ensuite un notable du Directoire et de l'Empire . Il est resté célèbre notamment pour avoir organisé en 1802 une rafle de Bohémiens, en arrêtant 500 en une seule nuit avec le projet de les déporter en Louisiane, alors qu'il était préfet. Il est vrai qu'à La Mouette Bâillonnée on n'aime pas trop les Roms : ainsi trouvait-on en novembre, la tribune indignée d'une rédactrice qui estimait qu'il était légitime d'expulser Leonarda Dibrani, et qu'elle avait attiré l'attention à cause de son origine, parce que « rom c'est bien plus attrayant et universel »

Mais tout ceci est évidemment moins drôle si l'on se met à la place des élèves ou des personnels de l'établissement éventuellement visés par la haine dieudonniste. Ils peuvent lire dans le journal du lycée dont la publication est dirigée par le proviseur que le politicien antisémite est en fait la victime, et que ses dénonciateurs sont les véritables maîtres du pays qui ont organisé un « lynchage médiatique » digne d'une dictature.

Si c'est le cas, en tout cas, à Marcelin Berthelot, on résiste résolument à l'envahisseur « sioniste ». Dans certains lycées ordinaires, des élèves ont été sanctionnés par des renvois pour une « simple » quenelle, et leur affaire s'est immédiatement retrouvée au moins dans Le Parisien.

Mais il y a des avenirs à ne pas compromettre. Aussi, en ce qui concerne La Mouette Bâillonnée, l'affaire est à ce jour restée interne. En réalité, il n'y a pas vraiment eu d' « affaire » pour les lycéens concernés : ce sont plutôt celle, professeur, et  ceux, élèves, qui ont osé protester contre cet article qui sont dans un premier temps désignés comme des fauteurs de trouble par une partie de l'établissement. "On n'a jamais de réaction à l'exercice de la liberté d'expression lycéenne, sauf quand on parle des juifs", peut-on entendre dans les couloirs... ou les bureaux. La prof est juive, c'est pour ça, évidemment, qu'elle a réagi ! Pas parce qu'elle est prof d'histoire, pas parce qu'elle est citoyenne, pas parce qu'elle est engagée dans la lutte contre les communautarismes, non, rien de tout cela... Il faut dire que sa protestation a entraîné la mobilisation d'une  partie de la salle des profs. Aujourd'hui,  les articles ont été retirés du site Internet du journal. Et puis ? Et puis c'est tout.


Enfin, pas tout à fait.  Une association de parents d'élèves, bouleversé par la contestation de la pensée de ses brillants rejetons, reprend le flambeau de la juste lutte contre l'envahissement « sioniste » et demande la suppression des actions visant à faire connaître l'histoire de la Shoah, notamment par l'organisation de visites des vestiges des camps d'extermination. C'est évidemment une coïncidence ! La même prof les organise depuis dix ans et publiera bientôt un ouvrage sur celles et ceux qui touchés par les lois raciales de Vichy ont porté l'étoile jaune dans l'établissement. Et elle ne dit rien, pour le moment, de ce qu'elle a trouvé...
Le lycée Marcelin Berthelot eut autrefois parmi ses professeurs, Georges Politzer, philosophe, communiste, résistant, fondateur de l'Université Ouvrière. Son professorat fut interrompu par son arrestation par la Gestapo, qui l'assassina en 1942. 
Bien plus tard, le lycée accueillit un autre élève, Roger Garaudy, négationniste de son état.

À Marcelin Berthelot comme ailleurs, ne laissons pas les faussaires et les négationnistes l'emporter.

Operation Poulpe







lundi 20 janvier 2014

Accusations de pédophilie: les victimes d'Alain Soral

Quand ils ne chassent pas les Juifs sur le net, il ne faut pas croire qu'Alain Soral et ses troupes prennent lâchement du repos en mangeant des saucisses sur un air de Wagner.

Infatigables guerriers du quotidien, les néo-fascistes ne reculent jamais devant la possibilité de persécuter des cibles diverses et variées. Surtout quand il s'agit de ranimer dans la population quelques mythes infâmes issues des poubelles de notre civilisation, comme celui attribuant au « système » évidemment contrôlé par les Juifs, la commission de meurtres et de profanations sexuelles sur les enfants, accompagnées comme il se doit de rituels satanistes.

Lorsqu'on lit sur Egalité et Réconciliation un article récent au titre choc "Affaire-pedocriminelle-AMIDLISA-les-plaignants-seront-ils-reduits-au-silence"», et les liens présents à la suite du texte, il est de prime abord difficile de garder le sens du réel, tant le grotesque, le gore de bas étage, et la trame hallucinée du scénario présenté comme un fait donnent l'impression de lire un très, très mauvais polar .

Tous les ingrédients y sont : la famille recomposée , unie et heureuse, que d'horribles soupçons saisissent lorsque leur gamine commence à faire d' « étranges » dessins en revenant de chez son père. La mère, affolée et en larmes que personne ne croit. Le beau-père y est un anti-héros sympathique et ordinaire, brusquement plongé dans une horreur qui ne cesse de grandir au fil des jours et des mois, confronté à l'inaction troublante des policiers, qui se transforme bientôt en hostilité puis en acharnement contre l'homme qui dénonce l'horrible vérité, à savoir le viol d'enfants par leur père et un ami, puis des orgies sexuelles et meurtrières, où devant des « notables », on oblige les enfants, confiés au père pédophile par la justice complice de la secte , à assassiner d'autres enfants , pas moins de 16. Il ne manque même pas le second rôle habituel des policiers de TF1, le journaliste à la retraite, ancien rédacteur en chef à l'AFP, qui, courageusement décide de faire éclater les faits.

Le site AMIDLISA dont Egalité et Réconciliation fait la promotion depuis longtemps nous livre l'histoire édifiante de tous ces personnages dans un pensum de 180 pages, qu'on finit par abandonner comme on abandonne au bout de trois épisodes la énième série sur les tueurs en série regroupés en secte maléfique.

Et puis, brusquement, on se rappelle que les « personnages » cités nommément et accusés de meurtres en série et de pédophilie existent vraiment, notamment les enfants, dont les noms sont donc référencés sur le net , accolés à des descriptions extrêmement précises d'actes sexuels avec des adultes , de mutilations et de cérémonies barbares. On se rappelle que le père accusé d'avoir tué ou fait tuer seize enfants par ses propres gosses après les avoir violés subit ces accusations publiques depuis des années. On pense aux centaines de milliers de visites pour chaque article d'Egalité et Réconciliation consacré à l'affaire, au paquet d'obsessionnels qui fréquentent ce site, à leurs méthodes de harcèlement virtuel qu'ils mettent en œuvre tous les jours contre leur cibles « judéosionistes ». Et on imagine l'enfer qu'a du vivre l'homme qu'ils accusent, les mails injurieux et/ou délirants, les menaces et ainsi de suite.

Comme tout le reste, le titre du dernier article d'Egalité et Réconciliation est un mensonge : en effet, dans le procès qui fait l'objet de l'article, les « plaignants » ne sont pas Jack Maillard  le beau-père, et sa concubine , ni l'ex-rédacteur de l'AFP, compagnon de route d'Alain Soral. Il s'agit d'un procès en dénonciation calomnieuse, et le plaignant est le père des enfants qui en la garde depuis plusieurs années.

La seule défense possible, quand on se retrouve jeté en pâture sur le net aux troupes des fascistes c'est en effet de porter plainte pour « diffamation », « dénonciation calomnieuses » ou « injures ». C'est évidemment dérisoire au regard de ce qu'on subit.

Car le mal est fait. Et d'aucuns en lisant cet article auront sûrement cette pensée : et si c'était vrai , ce qu'ils racontent ? Et d'aucuns sans doute, dans la vraie vie, regardent ce père de famille en se posant la même question.

Parce qu'après tout, tout est possible, non ? Marc Dutroux a mis longtemps à être arrêté, et il y a eu, réellement, des dysfonctionnements énormes de la police et de la justice, et puis, des pédophiles « multirécidivistes », on en entend parler « tous les jours », dans les médias, et puis, et puis,...

C'est ainsi que fonctionne la machine à deshumaniser des fascistes. Puisque tout « peut être » vrai, alors pourquoi ce serait faux ? Si vraiment la police , la justice, les structures d'aide à l'enfance en danger sont « mouillés » , alors bien sûr « ils » ont pu faire disparaître les preuves, et obliger les enfants à raconter que leur beau-père les avait contraints à confesser de prétendues horreurs sorties de son propre cerveau. Si des « notables » tirent les ficelles, alors bien sûr, personne ne demandera des nouvelles des seize enfants assassinés, on ne retrouvera pas leurs corps.

Bref, après tout SI tout cela est vrai, le fait qu'il n'y ait aucune preuve confirme la vérité.

Evidemment, il suffit de remplacer le nom de l'accusé par le sien dans ce délire halluciné relayé par Egalité et Réconciliation pour trouver les raisonnements du paragraphe précédent terrifiants et odieux. Si la société fonctionnait de cette manière, alors il suffirait que votre voisin soit chef de bloc du parti soralien dans votre immeuble, pour qu'il puisse , du jour au lendemain, décréter que vous êtes un assassin pédophile aux ordres des Sages de Sion.

C'est d'ailleurs ainsi que fonctionnaient les régimes fascistes. Et bien avant leur prise de pouvoir , bien avant que la terreur d'Etat permette de faire taire les voix récalcitrantes, c'est avec des processus de déshumanisation idéologique comparables à ce qui est fait dans ce genre d'articles et de sites qu'ils ont commencé à asseoir leur domination.

Jamais en effet, un de leurs adeptes ne se met à la place des « accusés ». Car la rhétorique antisémite, raciste , et totalitaire a déjà neutralisé toute possibilité d'identification aux victimes. Tout comme le culte du Chef et de sa vérité empêche toute réaction rationnelle, visant à vérifier certains faits, où à se renseigner sur les accusateurs.

Il ne faut par exemple, pas plus qu'un click sur Google, en effet, pour tomber sur le blog de Jacques Maillard, intitulé «  Critique du Libéralisme » et qui , en fait, propose aux lecteurs une méthode délirante de « développement personnel », enrobée d'un discours paranoïaque , bref, un classique des méthodes de recrutement sectaire.

En réalité, il n'y a d'ailleurs non plus aucune compassion , aucune identification de la part des adeptes d'Egalité et Réconciliation vis à vis de celles et ceux qui sont présentés comme des « victimes du complot pédophile ».La première des réactions de compassion, en effet est la volonté de protéger les victimes, et dans le cas précis, ce serait donc déjà s'élever contre la publication dans le détail des actes sexuels prétendument pratiqués sur les mômes, sur de longues, très longues pages, où les descriptions sont souvent mises dans la bouche des enfants. Etrangement, aucun adepte ne semble voir la contradiction qui existe entre sa prétendue répugnance devant la pédophilie et le fait de se livrer au voyeurisme virtuel le plus sordide sur ce sujet, tout en prenant la défense de celles et ceux qui l'ont initié.

En réalité, il est impossible de savoir, ce qui chez ces adeptes relève de la croyance absolue dans les faits évoqués, et ce qui est donc plutôt de l'auto-légitimation à transgresser soi-même certains interdits en attribuant ces transgressions à un ennemi fantasmé et deshumanisé. A vrai dire, si cette question intéresse le psychologue ou le sociologue, elle ne change rien concrètement : que la masse des nazis de base ou leurs dirigeants aient cru profondément leurs propres mensonges, ou qu'ils les aient propagés pour pouvoir accomplir leurs crimes ne change rien au fait que la dynamique collective, entraînant les croyants et les opportunistes a permis les crimes. Certains propagateurs de la rumeur «  AMIDSILA » jouent d'ailleurs sur cette ambiguïté, notamment ceux qui s'adressent à un public venu de la gauche, comme Le Cercle des Volontaires , site où l'on trouve la propagande fasciste d'extrême-droite, mais aussi celles d'alliés de la gauche radicale,  par exemple les militants du MPEP ( voir notre précédent article) . Annonçant le procès en dénonciation calomnieuse qui va se tenir , le site évoque «  un film d'horreur » censuré depuis si ans , et continue sur sa lancée en énonçant la liste des protagonistes à la manière d'un générique de film , en parlant de « synopsis » et même de « critique du film ».

Quelle meilleure manière de dire que la vérité dans cette affaire importe peu, comme importent peu les victimes réelles, ce père et et ses enfants traînés dans l'horreur d'un mensonge halluciné, et que tout ce qui compte, c'est le plaisir des petits bourreaux qui racontent l'histoire et désignent des coupables à harceler et à salir ?

Note: chacun pourra trouver les articles d'Egalité et Réconciliation sur cette affaire en un click sur Google. Pour notre part, dans la mesure où les liens mentionnent des noms de personnes réelles,  n'ayant pas souhaité retrouver leur identité sur la place publique,et qui sont de simples particuliers ayant moins que d'autres les moyens d'enrayer la machine à rumeur des fascistes, nous avons choisi de ne pas mettre de liens clickables, même s'il nous a paru nécessaire de faire connaître le détail des méthodes fascistes.

samedi 6 juillet 2013

Nazi Rock à La Rochelle.

« Encore une fois : les mots ont l’intention qu’on souhaite leur donner. S’ils veulent trouver de l’antisémitisme dans cette pièce en sortant les propos de leur contexte, sans prendre en compte l’intégralité du texte, la façon de jouer et la mise en scène, ils trouveront de l’antisémitisme. Mais ils peuvent par les mêmes mécanismes trouver de l’anti-chinois, de l’anti-pauvre, de l’homophobie, de la misogynie et bien d’autres intentions nauséabondes. »
Extrait de la tribune publiée par les étudiants ayant monté « Une pièce sur le rôle de vos enfants dans la reprise économique mondiale » 


Le film l'Antisémite de Dieudonné repose tout entier sur une mise en abîme : Dieudonné se joue lui-même en train de tourner un film où il joue le rôle d'un antisémite fanatique.

L'antisémitisme s'y décline donc au premier et au second degré, et l'on peut parler d'art fasciste, dans la mesure où le rire nihiliste et mortifère y est plutôt bien mis en scène : dans le monde cauchemardesque du film, tout se vaut, chaque personnage se vautre dans la fange , s'adonne à des vices divers et variés, et n'exhale que la haine , le malaise et les faux semblants. Dieudonné ne s'y épargne pas lui-même, se jouant en alcoolique autoritaire et obsédé, qui interprète un autre antisémite obsédé. Dans ce cloaque où les Juifs sont incarnés par les caricatures classiques de la rhétorique antisémite , les bourreaux dont Faurisson, qui joue son propre rôle, et Ahmed Moualek qui incarne un conspirationniste assassin sont au fond absous de tout, puisqu'ils sont certes peu sympathiques , mais toujours plus que leurs victimes.

Sans nul doute, c'est ce type de « performance artistique » que les étudiants de la Rochelle avaient en tête avec leur metteuse en scène lorsqu'ils ont crée leur « oeuvre » intitulée « Une pièce sur le rôle de vos enfants dans la reprise économique mondiale » dont ils affirment aujourd'hui le haut niveau de l'humour « second degré » . Le scénario en est fort simple : une multinationale dirigée par l'héritière d'une dynastie juive achète aux parents la vie future de leurs enfants en échange d'une somme versée immédiatement.

Peut-être ces étudiants ont ils vu l'Antisémite, peut-être comme des dizaines de milliers d'autres jeunes gens de leur âge et de leur statut social, sont-ils des spectateurs hilares de Dieudonné, oscillant sans cesse entre le déni de leur antisémitisme et l'obsession anti-juive. Peut-être pas, car Dieudonné n'est que la synthèse la plus aboutie d'une culture à la fois politique et artistique qui s'est répandue comme une traînée de poudre ces dernières années. Celle du néo-fascisme triomphant, faite à la fois d'une incapacité totale à la critique et au combat contre le monde tel qu'il est et les véritables dominations qui le structurent et d'un renversement victimaire total, où l'ensemble des dominéEs devient le bouc émissaire haï et fantasmé , responsable de l'échec social des uns et des autres.

Incapacité totale à la critique du monde tel qu'il est : dans la pièce des étudiants de La Rochelle, il y a toutes sortes de dominés, des chômeurs, des salariés de la couche moyenne, des prostituées, des cadres moyens, tous décrits comme sales, imbéciles, veules, vulgaires, vénaux. Il n'y a que deux dominantEs au pouvoir absolu : la maître du monde juive et le mafieux italien, pour résumer , l'Oligarchie mondialiste et la société criminelle plus ou moins secrète. Pas de patrons ordinaires, pas de flics, pas de juges, une et une seule multinationale doublée d'une pègre caricaturale...et étrangère au pays dans lequel se déroule la pièce. …

A vrai dire les étudiantEs ont raison d'une certaine manière lorsqu'ils affirment pour se défendre que leur oligarque dévoreuse d'enfants aurait pu ne pas avoir un nom juif et que cela n'eut rien changé au message de la pièce : en effet, l'antisémitisme est une manière de voir le monde, une théorie mensongère destinée à masquer la domination de classe en substituant à la réalité de l'exploitation capitaliste de l'homme par l'homme, le fantasme d'une minuscule élite surpuissante corrompant un système économique et social sain par nature. Nos étudiants ne réalisent que l'énième personnalisation d'un mal fantasmé, qui transformerait le chouette monde capitaliste en cloaque infernal. Si la méchante Financière Juive n'existait pas , nous dit la pièce, alors le stagiaire serait titularisé, l'intellectuel rêveur serait reconnu à sa juste valeur par un poste à l'Université, et l'intermittent du spectacle aurait ses heures . Car ces trois personnages de la pièce sont les seuls ( avec le cuisinier nazi, nous y reviendrons plus tard) à être présentés sous un jour à peu près humain, avec lesquels on est invités à compatir un peu : pas étonnant, puisqu'il personnifient la catégorie sociale à laquelle appartiennent les auteurs de la pièce, ces « intellos précaires » qui furent autrefois la classe moyenne et qui aujourd'hui sont empêtrés dans la nostalgie réactionnaire du bon capitalisme de papa, celui qui assurait aux étudiants de la Rochelle un bon poste et un bon salaire.

C'est fini, alors la rancoeur de nos étudiants explose et se cherche des responsables, dans une imitation assez transparente du style célinien : les prolos, incultes, vicieux et puants qui pullulent dans leurs logis dégueulasses , la génération des parents de nos étudiants, incarnée par ce couple qui accepte de vendre son enfant aux Juifs pour se payer des vacances au soleil, allégorie transparente de l'argument mille fois rebattu par la droite et l'extrême-droite contre les prolétaires se battant pour leurs retraites et qui seraient coupables de faire peser la dette sur leurs enfants, les étrangers, comme cette Chinoise sans papiers qui n'est pas digne de la moindre solidarité puisqu'elle souhaite uniquement être riche et se faire sa place au soleil , au besoin sur le dos des prolos locaux.

Comme ce défilé de rancoeurs misanthropes est au fond assez laid et egoïste, et traduit surtout une incapacité à la moindre solidarité collective, seule capable d'engendrer un rapport de forces défavorable au capitalisme, nos étudiants en viennent forcément au délire antisémite, seul capable de travestir le conservatisme et la lâcheté en combat contre les puissants : pour faire passer le vomi qu'on vient de déverser sur les faibles, on invente un monstre ultime, l'Oligarque juive. Tiens au fait pourquoi une femme ? Tout simplement, parce que cela sert à introduire un petit discours rageur contre le féminisme, caricaturé en remplacement des élites par d'autres élites plus politiquement correctes, discours qu'on étend aux minorités en général , avec une pique contre les « présidents noirs ».

De même, les homosexuels et le mariage pour tous en prennent pour leur grade : lorsque la méchante financière juive parle de son activité de vente d'enfants, elle ne manque pas d'évoquer ( page trente) le client homo qui ne voulait que des petits enfants thaïlandais, dont l'un avec qui il se marierait ensuite. Le complot judéo-gay pour détruire la civilisation tant évoqué ces derniers mois se devait d'être évoqué.

Comme on le voit, toutes les cibles de l'extrême-droite sont donc présentes dans la pièce, toutes ses rhétoriques, mais c'est bien l'antisémitisme qui permet de les structurer dans un tout cohérent, et d'engendrer l'habituel discours d'inversion victimaire : «  Nous tapons sur les femmes, les immigrés, les pauvres qui puent, les étrangers mafieux qui viennent voler les enfants ( des Italiens ...ou des Roms ? ), les homosexuels qui veulent des enfants pour les consommer, mais nous ne sommes pas des dominants, contrairement aux apparences, nous sommes des étudiants rebelles car si nous dénonçons les faibles, c'est qu'en réalité, ils ne sont que des pions au service du puissant complot juif ».

Du Dieudonné ? En fait plutôt l'aboutissement du travail de propagande de la mouvance antisémite qui s'est structurée autour du soutien à son « humour ». Cette pièce, besogneuse, longue , redondante est finalement très convenue, et dégage une impression de conformisme absolu, tant le discours qu'elle véhicule, dans une forme très plate a été entendu et rabâché mille et mille fois ces dernières années. En ces temps où l'extrême-droite la plus virulente triomphe partout en Europe, où en France des Zemmour et des Taddei se chargent chaque semaine de faire la promotion des idées fascistes sur les télés capitalistes, où la rhétorique antisémite, raciste, sexiste , homophobe s'exprime en toute liberté, partout et tout le temps, il n'y a rien que de très banal, de très accepté socialement dans ce petit théâtre amateur, qui imite les grandes scènes à la mode....sans même la moindre trace d'auto-dérision, et donc sans le moindre « second degré », dont un néo-nazi plus original comme Dieudonné fait parfois preuve, ce qui lui vaut sa réputation d'humoriste de talent.

D'ailleurs la pièce a été montée dans le cadre de l'Université, et face aux quelques protestations qu'elle a suscité, l'ensemble de l'institution s'est solidarisée de « ses » étudiants, au nom de la « liberté d'expression ». Ceux qui sont montrés du doigt sont ceux qui dénoncent l'antisémitisme pas ceux qui le relaient, eux ont au contraire droit aux louanges de l'Université française.

C'est assez significatif d'ailleurs, dans le contexte actuel : depuis la fin des années 90, l'Université française n'est plus du tout ce lieu un peu plus libre que la société environnante, où notamment les luttes progressistes pouvaient s'exprimer. Pendant la lutte contre le CPE, puis pendant celle contre la LRU , la « fameuse » liberté d'expression a été battue en brèche pour les étudiants en lutte, traqués par la police jusque dans les campus. A chaque fois que des sans-papiers ont essayé d'occuper une université pour tenter d'y faire entendre leur parole, ils en ont été expulsés.
Alors que les cités U abritant les étudiants les plus précaires sont démolies et/ou restructurées pour être plus rentables, les autorités universitaires répriment sans trève les étudiants concernés qui résistent à la perte de leur logement.

Mais à côté de ça, nos étudiants rebelles de la Rochelle, sont eux couvés et protégés par les autorités, qui se donnent ainsi à bon compte, un air de tolérance envers la prétendue subversion de la jeunesse.

Pourtant ils sont vieux ces jeunes, comme le sont tous les fascistes, incapables de création artistique nouvelle, en revenant éternellement aux clichés millénaires de l'antisémitisme. En témoigne l'épisode des «  Juifs hassidiques » ( sic ) qui traquent le brave cuisinier nazi, puis vendent leur combat pour quelques billets. L'allusion au « Shoah business », dénoncé par Dieudonné et les siens est évidemment transparente, et justifie à elle seule les accusations d'antisémitisme.

Mais enfin, en quoi ces deux personnages étaient-ils nécessaires à la pièce , où ils arrivent comme un cheveu sur la soupe ? Il était pourtant facile d'introduire la thématique de la soit-disant instrumentalisation de la Shoah avec le personnage principal, celui de la financière juive.

On ne voit pas d'autre explication que le besoin qui anime tous les antisémites, d'exprimer leur délire hallucinatoire où toujours revient, à un moment où à un autre, la cible de la caricature nazie par excellence, avec sa barbe et ses papillotes, le «Juif Hassidique » effectivement, comme le dit expressément le script de la pièce. L'objet de toutes les humiliations , celui qu'on peut tenir par la barbe ( tu me tiens par la Shoah, je te tiens par l'ananas, chante Dieudonné dans une allusion transparente au jeu de la barbichette...). Ces deux Juifs font pièce rapportée dans le scénario, mais ils attestent de l'obsession de ses auteurs, qui n'auraient pas trouvé leur œuvre complète et suffisamment significative sans eux. ...même si dès le début de la pièce, la rhétorique antisémite est pourtant présente dans son paradoxe habituel : un des personnages faisant la morale à l'autre en lui rappelant qu'on n'a pas le droit de juxtaposer les mots « Juifs » et « riches » (p 5).

Et bien si, on a le droit de ressasser sans fin le vieux cliché du Juif comploteur , milliardaire et maître du monde: la preuve, « « Une pièce sur le rôle de vos enfants dans la reprise économique mondiale » a été faite et diffusée dans l'enceinte de l'Université applaudie par des spectateurs hilares, louée et défendue par l'administration et par une majorité des professeurs de la fac. Nos étudiants rebelles ne sont pas plus ostracisés ou persécutés qu'un Dieudonné qui prône paisiblement le négationnisme sur scène depuis des années. C'est à dire pas du tout.

Et l'antisémitisme est à ce point un conformisme installé et non discutable que toute réaction se voit taxée de « communautaire », parce qu'aujourd'hui, un bon Juif est un Juif qui ferme sa gueule devant les attaques antisémites, ce qui est d'ailleurs le cas pour toutes les minorités victimes de la même accusation dès qu'elles se défendent contre les attaques de l'extrême-droite, racistes, sexistes, ou homophobes.

Les spectacles de fin d'année sponsorisés par les institutions sont souvent des reprises fades de la culture dominante et de l'air du temps : la pièce jouée à la Rochelle n'est pas autre chose, et sa médiocrité banale en fait l'une des multiples kermesses brunes dans lesquelles communient politiciens et foules haineuses et dociles dans une France de nouveau tentée par le fascisme. 

Le livret intégral de la pièce se trouve ici: avec la boursouflure de l'égo qui caractérise aussi les gens tentés par le fascisme, les étudiantEs affirment que cette seule lecture ne saurait justifier la moindre argumentation contre la pièce , et que ne seraient autorisés à la critiquer que celles et ceux les ayant vus jouer sur scène. " "Les mots ont l'intention qu'ON souhaite leur donner" disent-ils. Mais non, les mots ont un sens, en soi, n'en déplaise aux adeptes du bon vieux rêve totalitaire de manipulation absolue du langage.  

vendredi 28 juin 2013

Les multiples visages de la Troisième Voie

"Rien de ce qui est en puissance ne passe en acte autrement que par quelque chose qui est déjà en acte." Aristote.

Après le meurtre de Clément Méric, l'étendue des liaisons de Serge Ayoub, qui fréquentaient son Local et venaient y donner des conférences a commencé à être évoquée, d'abord dans les médias antifascistes, puis un peu dans les médias capitalistes.

A cette occasion, Julien Landfried, candidat du PS aux législatives a du s'expliquer sur une conférence donnée au QG des collègues d'Esteban Morillo. Le candidat a expliqué qu'il était venu sans savoir où il allait, invité par une « organisation tout à fait respectable », le Cercle Aristote .
Les choses en sont restées là. Manifestement, personne n'a été intéressé par la nature exacte de ce fameux « Cercle Aristote », qui a effectivement tenu ses conférences pendant plusieurs années chez Serge Ayoub.

Pourtant les informations de première main sur ce Cercle Aristote pouvaient être obtenues assez facilement par la gauche et l'extrême-gauche : il suffisait de demander à Jacques Nikonoff, fondateur d'ATTAC président du M'PEP, signataire de l'appel à la manifestation antifasciste unitaire du dimanche 23 juin, qui y a donné une conférence le 5 juillet 2011, sur la « sortie de l'euro », tout comme Aurélien Bernier, autre membre du MPEP, en 2012. Conférence annoncée sur de nombreux sites d'extrême-droite, naturellement, vu le sujet.


Le MPEP appelle à la manifestation antifasciste et relaie une organisation amie de 3ème Voie

« Et alors ? , la conférence du Cercle Aristote en question ne se tenait pas chez Serge Ayoub », nous dira immédiatement le lecteur craignant l'amalgame.

A vrai dire, nous sommes férus d'amalgames. Nous pensons effectivement que personne n'organise de réunions chez Serge Ayoub par hasard, et qu'à partir de là le Cercle Aristote ne peut pas être une « organisation respectable ». Nous pensons aussi que personne ne peut aller au Cercle Aristote sans savoir de quoi il s'agit et avoir des intérêts politiques communs avec ses membres. Nous pensons donc que la simple présence du président du M'PEP à une de ces conférences aurait du amener son exclusion immédiate de l'appel unitaire antifasciste.

C'est sectaire et scandaleux ? Peut-être, mais en réfléchissant de la sorte, en tout cas, les autres signataires de l'appel unitaire auraient pu éviter l'ignominie que vient de leur infliger le M'PEP : quelques jours après avoir signé cet appel en hommage à Clément Méric, le M'PEP publie un article du Cercle des Volontaires, organisation d'extrême-droite qui diffuse la propagande des assassins du jeune antifasciste , le groupe 3ème Voie de Serge Ayoub.

Rien d'étonnant là dedans, rien d'imprévisible : en effet le M'PEP n'a pas « dérivé » brusquement, le M'PEP fait partie d'une mouvance qui regroupe des gens venus de droite et d'extrême-droite, et des gens de la gauche et de l'extrême-gauche. Le Cercle Aristote, auquel plusieurs membres du MPEP ont donné des conférences est une des émanations de cette mouvance. Or ce type de  regroupement est la définition même d'un mouvement fasciste. Et au cœur de cette mouvance, l'on va retrouver Jacques Nikonoff et Bernard Cassen, deux fondateurs d'ATTAC, l'association altermondialiste, qui dans les années 2000, a été le pivot du nouveau protectionnisme de gauche.


Le Cercle Aristote, un espace « transcourants » fondé par le Président des Amis d'Eric Zemmour

Le président du Cercle Aristote,Pierre Yves Rougeyron interrogé par Riposte Laïque dans un entretien de 2010, expliquait que son objectif est de « refaire un peu de lien social et d’unir des gens en dehors des anathèmes, des flics de la pensée et des tenanciers de fiche de police. ».

Au Cercle Aristote, se croisent en effet des invités venus d'univers militants très différents : aux côtés des hommes de gauche évoqués ci-dessus, des négationnistes du génocide rwandais, par exemple l'ancien ambassadeur Ndajigimana, Jacques Cheminade de la secte antisémite « Solidarité et Progrès », Jean Claude Martinez, ancien vice-président du FN, Michel Drac, fondateur d'Egalité et Réconciliation, et co-auteur d'un livre avec Serge Ayoub., Pierre Sidos de l'oeuvre Française.

Le président du Cercle Aristote Pierre Yves de Rougeyron vient de la droite : ancien jeune UMPIste, il a ensuite fréquenté Paul-Marie Couteaux, le souverainiste qui a rallié Marine Le Pen officiellement l'année dernière. Il est également président de l'Association des Amis d'Eric Zemmour. Le secrétaire général du Cercle Aristote, Romain Bessonnet, se présente, lui, comme venu du PCF et membre du MRC de Chevènement.

Une mouvance structurée autour d'une association pour la sortie de l'euro, 
revendication historique du FN

C'est d'ailleurs en s'intéressant aux activités de Romain Bessonet, que l'on réalise très vite que les liens entre le M'PEP, Jacques Nikonoff ,d'autres membres de la gauche souverainiste et nationaliste et le Cercle Aristote vont bien plus loin qu'une simple conférence. En fait ils se sont concrétisés dans une organisation commune, ouvertement « transcourants », partisane du nationalisme le plus échevelé : L'Association manifeste pour un débat sur le Libre Echange et la Sortie de l'Euro.

Romain Bessonnet y est notamment remercié par la rédaction du site de cette association pour une étude comparative sur les droits de douane chinois et européens ( et dans la liste des liens amis, l'on trouve le Cercle Aristote.)

L'association a été notamment fondée du côté gauche par Bernard Cassen ancien directeur du Monde Diplomatique et fondateur d'ATTAC,  mais aussi par certains conférenciers du Cercle Aristote comme Julien Landried, le membre du PS qui était allé au Local d'Ayoub, et Aurélien Bernier du MPEP. Parmi les fondateurs , on retrouve aussi deux intellectuels appréciés à la fois par les sites d'extrême-droite et de gauche nationaliste, Emmanuel Todd et Jacques Sapir.Mais également Aquilino Morelle, ancien membre de l'équipe de campagne d'Arnaud Montebourg et actuel conseiller de François Hollande.

Du côté droit, Hervé Juvin , dénonciateur du « changement de population » et du métissage, ( voir ici un entretien au site d'extrême-droite Enquête et Débat), également conférencier du Cercle Aristote. Mais aussi  Jean Luc Gréau , ancien expert du Medef, Hakim El Karaoui, ancien conseiller de Jean-Pierre Raffarin, Gerard Schaffhauser, qui pourfend le mariage pour tous dans les colonnes d'Atlantico, ou Gerard Lafay économiste qui participe à des tablesrondes sur les retraites avec Marine Le Pen ( voir la liste intégrale des fondateurs sur la capture d'écran ci-dessus ou directement sur le site ici.).

Le fond du discours de cette association reflète sa composition . Tout est bon dans le front, à condition qu'il soit national : protectionnisme , souverainisme, dénonciation du capitalisme financier et défense des petits patrons , conspirationnisme anti-européen et anti-mondialisation mais indulgence et même louanges envers divers chefs d'Etat réactionnaires et autoritaires. Quant à la « sortie de l'euro », c'est évidemment LE débat propice à l'extrême-droite, interclassiste et nationaliste, ne menaçant en rien les intérêts des patrons, mais permettant de faire passer la vulgate la plus chauvine pour une rébellion anticapitaliste

On trouvera donc sur le site de l'association aussi bien des textes du M'PEP que de l'UPR, groupe d'extrême-droite fondé par l'ancien directeur de cabinet de Pasqua, aussi bien des prises de position d'Attac que celles d'Aymeric Chauprade, acteur de l'extrême-droite identitaire, auteur récent d'une ode à Dominique Venner, avec qui il collaborait autour de La Nouvelle Revue d'Histoire.

Cassen ( Bernard) , les néo-nazis et les victoires contre BHL

On se souviendra à ce propos des récents cris de victoire de Bernard Cassen dans les colonnes du Monde Diplo, suite à son procès remporté contre BHL, qui l'avait confondu avec son homonyme Pierre Cassen de Riposte Laïque, et avait parlé de « fricotage » entre crânes rasés identitaires et l'ex-directeur du Monde Diplomatique.

Certes Bernard Henry Lévy , avec son habituelle absence de travail sérieux et de rigueur , caractéristique commune à la plupart des « plumes de presse », a confondu deux Cassen. Mais enfin, il se trouve que les deux viennent de la gauche, et que les deux fricotent effectivement avec des gens de la mouvance identitaire et néo-fasciste, même si Aymeric Chauprade, publié par l'association dont Cassen (Bernard) est fondateur n'a pas le crâne rasé.

D'ailleurs, en ce qui concerne le Bloc Identitaire, attaqué dans la tribune pour laquelle Cassen ( Bernard ) a porté plainte, on ne peut pas dire que Cassen ( Bernard ) lui voue une haine quelconque. La preuve, il n'a pas jugé utile de se démarquer dans son communiqué de victoire , de celle obtenue le même jour par le Bloc contre ce même BHL , pour la même tribune, et ce alors que certains articles de presse liaient évidemment les deux condamnations . N'importe quel militant de gauche sincère , et ce , quels que soient ses griefs contre Bernard Henri Levy serait pourtant gêné de la confusion , et de l'impression de front commun qu'elle donne ...Mais évidemment, comme ce front commun extrême-droite/extrême-gauche est clairement assumé par Bernard Cassen au sein de l'Association pour un Débat sur le libre-échange et la sortie de l'euro, il n'a aucune raison d'être gêné.

Troisième Voie et chemins de traverse vers le fascisme

Il y a donc bien une seule et même mouvance politique structurée autour de thèmes communs et à laquelle appartiennent à la fois des groupes et des personnalités de la gauche nationaliste, notamment le M'PEP, et une partie de la rédaction du Monde Diplomatique, également des groupes comme le comité Valmy et le PRCF et des groupes et intellectuels de l'ultra-droite et de l'extrême-droite, comme le Cercle Aristote, l'UPR, Nicolas Dupont-Aignant ou Serge Ayoub. Une mouvance politique se définit bien par des mots d'ordre communs, et des sphères politiques reliées entre elle par des militants communs.

Personne ne peut parler de liens fortuits ou de rencontres occasionnelles, quand ces groupes et personnalités se croisent au sein de structures fondées en commun  où les publications de personnalités liées aux néo-nazis voisinent avec celles des rédacteurs du Monde Diplo , où des conférences comme celles du Cercle Aristote accueillent les uns et les autres , quand les uns font la publicité des sites des autres, et inversement, quand Nikonoff appelle à voter Dupont Aignant, ou qu'Egalité et Réconciliation publie du Nikonoff, ou que le MPEP publie Le Cercle des Volontaires, en lien avec le groupe d'Ayoub.

Le pot commun des uns et des autres, c'est bien la 3ème Voie, ni, droite, ni gauche, Nation. Le pot commun des uns et des autres, c'est bien le conspirationnisme anti-mondialiste ( Pierre Hillard est publié aussi bien par 3ème Voie que par le site de l'association manifeste pour un débat sur le libre échange et également invité par le Cercle Aristote ), la rhétorique chauvine, souverainiste et ultra-nationaliste, la dénonciation de la tyrannie des minorités et celle, bien évidemment de l'antifascisme.

Cette mouvance politique se présente comme "anti-système", et ses membres venus de la gauche ont en général un argument récurrent quand on pointe leurs collusions avec l'extrême-droite.Celle-ci ne serait qu'un "épouvantail" et les antifascistes des "idiots utiles du système" qui se gardent bien de dénoncer les "vrais" détenteurs du pouvoir politique et économique : mais comme on l'a vu, en réalité, dans cette mouvance où l'ultra nationalisme est le trait d'union, les membres de la social-démocratie au pouvoir, comme des représentants du patronat cotoient les soit-disant "rebelles" d'extrême-droite et de la gauche altermondialiste.

Certes, au sein de ce conglomérat, la partie venue de la gauche et notamment ses personnalités qui ont le plus à perdre en respectabilité se garderont bien d'aller directement parader avec Serge Ayoub dans la rue. C'est la raison pour laquelle existent des structures passerelle aux noms moins connotés que «  3ème Voie », Cercle Aristote ou "Association manifeste pour un débat sur le bire échange et  la sortie de l'euro", c'est tout de même plus vague. De même côtoyer Hervé Juvin, ardent pourfendeur du métissage, peut toujours se justifier avec l'argument du brillant économiste, qui certes ne marche pas pour Serge Ayoub.

Mais les idées, les positionnements politiques sont bien les mêmes, déclinées selon le public auquel on s'adresse, avec des nuances de radicalité diverses et avec des pratiques variées C'est ce qui caractérise une mouvance. Dont aucun membre ne devrait en tout cas figurer sur un appel antifasciste.

jeudi 6 juin 2013

L'extrême-droite tue. Elle parle aussi.

Le 18 juin 1990, James Dindoyal était assassiné par plusieurs membres des JNR, le groupe de Serge Ayoub, à qui TF1 ce matin, donne du monsieur.

Un de ses assassins, Regis Kerhuel, faisait occasionnellement le SO du FN contre rénumération.

Le 18 avril 1995, Imad Bouhoud était noyé par d'autres boneheads, dont David Beaune qui collait souvent des affiches du FN au Havre.

Le 1er mai 1995, Brahim Bouarram était jeté dans la Seine , pendant le défilé du FN.

Ensuite, pendant des années, alors que le FN poursuivait son ascension, le discours a consisté à dire que les néo-nazis avaient disparu, que l'extrême-droite avait muté.

Serge Ayoub est revenu en France, on l'a vu dans les défilés FN, il a tranquillement ouvert un Local en plein Paris, au départ en partenariat avec Alain Soral. C'est lui qui a accueilli les premières grosses réunions de Riposte Laïque, assuré leur service d'ordre pendant certaines manifestations. En 2010-2011, les commentateurs assidus de Fdesouche organisaient souvent des réunions de rencontre dans ce même local.

Aujourd'hui, de nouveau, la terreur fasciste a frappé.Clément Méric a été battu à mort.  L'Etat se résoudra à dissoudre quelques groupes, à faire quelques descentes qui permettront l'arrestation de quelques nervis, dont chacun s'accordera à dire, que tout de même, il serait exagéré de les amalgamer avec le FN. Comme avec l'ensemble des personnalités qui ont des raisons respectables d'être racistes, antisémites, homophobes, sexistes et qui naturellement n'auraient aucun lien avec quelques marginaux néo-nazis et assassins.

Le 15 mai dernier au local de Serge Ayoub, se tenait une conférence sur les « médias et la pensée unique ». Son intervenant principal était Robert Ménard, candidat à Béziers soutenu par le FN.

Les crânes rasés boneheads n'ont jamais été que le bras armé des notables respectés, de la chair à canon qu'on sacrifie en cas de « pépin », puisqu'on pourra les remplacer en pourrissant les cerveaux
avec de la haine exprimée en toute légalité.



Le 12 mai dernier, toute l'extrême-droite néo-nazie défilait à Paris. Un appel était lancé pour demander l'interdiction des défilés, il rappelait notamment les meurtres commis par la même mouvance dans les années 90. Les autorités municipales et gouvernementales avaient choisi de laisser ces défilés se tenir